De toutes les nuits, les amants de Mieko Kawakami
Quatrième de couverture : Fuyuko a trente-quatre ans. Correctrice, elle travaille en free-lance pour l’édition, vit seule et ne s’imagine aucune relation affective. Elle ne se nourrit pas de ses lectures : elle décortique les mots, cherche la faute cachée, l’erreur embusquée.
Introvertie, Fuyuko va néanmoins laisser entrer deux personnes aux lisières de sa vie ; Hijiri, son interlocutrice professionnelle, et M. Mitsutsuka, un professeur de physique qui lui offre un nouvel accès à la lumière qu’elle a toujours perçue de manière singulière : le bleu a une longueur d’onde très courte, elle se diffuse facilement, c’est pourquoi le ciel apparaît si vaste.
Voyage au pays de l’apparente légèreté des femmes, de leurs peurs minuscules ou béantes, de leurs renoncements et de leurs excès, de leurs choix et de leurs libertés, ce livre est d’une gravité toute poétique et d’une modernité absolue. Il convoque et défie tous les a priori et vibre, riche et puissant, d’utopies scintillantes et de rêves oubliés.
Avis : En croisant le chemin de ce livre en librairie, j’ai senti qu’il m’appelait. Parce que la couverture est magnifique. Parce que le titre est mystérieux. Parce que ça parle d’une correctrice free-lance introvertie et solitaire.
Est-ce que j’aurais mieux fait de m’abstenir ? Très certainement, mais je ne pensais pas regretter à ce point mon achat. J’ai failli abandonner à la page 50, puis à la page 80. On m’a même demandé pourquoi je m’acharnais. Eh bien, tout simplement parce que j’avais une idée d’où allait l’histoire et je voulais vérifier que c’était bien ça. Pas de suspense : l’histoire est bien allée grosso modo là où je pensais et la lecture a été pénible d’un bout à l’autre, même si la deuxième partie est un peu plus plaisante.
C’est d’ailleurs ce basculement qui m’a fait comprendre que la forme du texte épouse le fond. Si c’est lent et ennuyeux au début, si le style paraît si pauvre, c’est une volonté de l’autrice. C’est pour mieux refléter l’état intérieur de l’héroïne, qui est vide, apathique, incapable de tenir une conversation et de prendre la moindre décision, à part quand il s’agit de lever le coude pour remplir le vide de saké et de bière. L’idée est de nous rapprocher d’elle. Résultat : elle m’a agacée, au point de me laisser indifférente. Émotionnellement, je ne me suis jamais impliquée dans son parcours, même quand elle est tombée au plus bas, même quand elle a retrouvé ce moment fondateur dans sa vie (qui est très loin de tout expliquer). Alors, quand a lieu ce déclic (tellement cliché) et que tout le monde se réveille enfin (l’héroïne et le style), il était trop tard. Il n’y avait plus rien qui pouvait arriver à l’héroïne dont je pouvais encore me soucier. J’ai fini par comprendre que le titre est également métaphorique et que les amants, les nuits ne sont pas vraiment des amants et des nuits.
Et puis, je ne comprends pas comment quelqu’un qui fait le même métier que moi, même si je fais un travail sur le texte plus complexe qu’elle, peut dire qu’elle ne retient rien, qu’elle ne sait rien, alors qu’elle passe son temps à faire des recherches. C’est ce qui donne de la richesse à ce métier, on est tout le temps amené·e·s à apprendre de nouvelles choses et on est confronté·e·s à des sujets dont on ne sait parfois rien et qu’il va falloir approfondir. Et là, le néant. Bien sûr que j’en ai voulu au personnage. Je lui en ai aussi voulu de lire un livre entier sur la lumière, un sujet qui l’intéresse pour une fois, et de ne toujours rien comprendre quand le professeur lui réexplique le b.a.-ba des couleurs.
En parallèle, je me suis longuement posé la question de la qualité de la traduction. Je sais qu’il s’agit d’un travail avec des contraintes particulières, que si le texte est mal fichu au départ, on ne peut pas prendre la liberté de l’améliorer en le traduisant. Je ne lis pas le japonais, je ne sais donc pas comment est le matériau d’origine. Je ne peux que constater les nombreuses répétitions et les phrases bancales à l’arrivée. Ça a amplifié mon déplaisir de lecture parce que la correctrice que je suis n’a pas pu faire abstraction. En plus, je sentais bien que beaucoup de choses typiquement japonaises ne passaient pas à l’écrit et que je les devinais entre les lignes : des mimiques, des sons, des façons de répondre. Tant de petites choses qui, à l’écran, auraient donné une texture, auraient joué sur le langage non verbal. Je garde dans un coin de la tête que ça aurait fait un bon film, mais que ça reste un mauvais roman.
Je ne savais pas à quoi m’attendre, j’ai vraiment craqué pour la couverture, le titre, le résumé. Parfois, c’est une bonne pioche. Là, ce n’était pas du tout le cas. Néanmoins, si le travail de correction au Japon vous intéresse, je recommande le drama Pretty Proofreader.
Préambule
Bienvenue ici,
un certain nombre de posts sont actuellement hors ligne. Ce blog a plus de 20 ans maintenant et, au fil du temps, des liens se sont cassés, des images hébergées ailleurs ont disparu, le grand Internet a bougé, ma vie aussi, et en plus, je suis devenue correctrice entretemps. C'est dire si, aujourd'hui, ce blog a besoin d'un grand nettoyage de printemps.
Même si je ne poste plus autant qu'avant, c'est un lieu précieux pour moi.
En septembre 2024, j'ai refait la déco. Viendra ensuite la mise à jour du contenu. Un travail long et fastidieux puisque j'ai accumulé près de 2800 posts. Je donnerai la priorité aux avis, puis le reste suivra petit à petit.
Bonne visite !
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