Soupir, le retour de la vengeance

Je pensais être plus ou moins débarrassée après avoir écrit mes deux textes sur Le Soupir de l’immortel, mais visiblement, c’est parti pour encore me travailler un petit moment. Et pour être honnête, ça m’amuse assez.

Rapide retour sur ce qui a déjà été produit. Pour ce qui est de l’avis court, je n’y retoucherai pas. Il est très bien comme ça, assez vague et pas trop maladroit parce que justement je ne suis pas rentrée dans les détails. Il y a juste une formulation qui me gène mais tant pis, elle restera. Pour la version longue, c’est autre chose. C’est le premier que j’ai écrit. Il m’a fallu 3 semaines pour arriver à tirer quelques choses de mes notes et de mon ressenti. Maintenant que ça commence à se décanter, je me rends compte qu’il est en fait très très révélateur et en dit beaucoup sur moi, ma conception du monde et mes angoisses en général ; ce que j’assume complètement. Mais plus ça va, plus je vois les fausses pistes que mon inconscient m’a fait prendre. A un moment, j’ai perdu pied sous le poids de la densité du livre et je n’ai plus été en mesure de prendre assez de recul pour avoir une vue d’ensemble, même si j’en donne l’impression. J’ai aussi dit qu’une lecture ne suffirait sans doute pas.

Cette semaine, j’ai enfin lu les articles connexes sur le site de l’auteur. La forme plus scolaire m’a permis d’apprécier les idées un peu plus à leur juste valeur sans être perturbée par l’histoire et surtout par le style. Et, enfin, ça a commencé à me faire rêver. Je n’ai pas lu les articles avant pour une simple raison : mon intuition me disait que ça allait me couper l’herbe sous le pied avant même d’avoir écrit mon avis. J’ai eu à la fois tort et raison. Tort parce que ça aurait évité une certain nombre de maladresses (dont un tir groupé de phrases qui les accumulent tellement que je suis très tentée de les faire sauter tout simplement ; elles posent clairement problème). Tort encore parce que ça répond en partie à la question : comment en est-on arrivé là ? A l’opposé, j’ai eu raison parce que je ne regrette pas mon long long avis. Il me ressemble, il exprime un ressenti assez brut qui était une étape nécessaire. Mais il ne me satisfait plus entièrement maintenant. Je ne sais pas s’il y aura un 3ème texte plus abstrait. Peut-être. Peut-être pas. Pour l’instant, j’essaye d’adopter une approche différente. J’ai eu raison aussi parce que ça m’aurait véritablement coupé l’herbe sous le pied. Je suis contente de constater que le cheminement de ma pensée m’a finalement amenée toute seule à certaines conclusions que je retrouve dans les articles. Comme quoi, je ne suis pas passée à côté de tout non plus.

Pour le reste, et dans le contexte du livre, j’ai voulu résister aux changements, m’évader de ce monde qui m’oppressait trop pour diverses raisons souvent totalement inconscientes, et aussi parce que j’anticipais les dérives possibles de ces progrès (le lecteur est vraiment un être incontrôlable et imprévisible parfois). Et surtout parce que ce qui définit l’homme dans ma tête était profondément bouleversé. Je n’arrivais pas à apprécier ces changements et je les percevais négativement par défaut. C’est comme ça que j’en suis arrivée à dire que l’homme était devenu un OGM génétiquement appauvri, parce que je refusais de concevoir qu’il puisse ne plus avoir ses 23 paires de chromosomes comme aujourd’hui. L’homme a 23 paires de chromosomes, ça fait partie de sa définition. Point barre. Habituellement, je suis une grande partisane du « Think outside the box » ; j’ai pourtant été incapable de le faire et de voir ici non pas un appauvrissement mais une optimisation du matériel génétique. Même si je ne suis pas totalement convaincue non plus. En l’état, l’ADN humain n’est pas encore quelque chose que l’on maitrise dans son intégralité, il y a encore trop de zones d’ombre (au sens propre ; je pense aux gènes orphelins et aux pseudogènes) et je trouve frustrant qu’au final tout ça passe à la trappe sans explications. Bref, ce posthumain me dérange beaucoup pour le moment mais c’est principalement à cause d’un conflit de définitions. Autant dire que je ne suis pas encore tout à fait prête pour le transhumanisme 🙂

Autre point avec lequel j’ai un poil de mal, c’est l’accent mis, dans cette société future, sur le plaisir sexuel comme une fin en soi, un objectif ultime. Cette impression résiduelle d’omniprésence me fait froncer les sourcils. Même les domociles font partie du « complot » et proposent l’option cul pour se changer les idées dès qu’ils le peuvent. Étant d’ordinaire plutôt très ouverte d’esprit, je reconnais volontiers que l’avancée en matière de libertés sexuelles est gigantesque. Plus de tabous, plus de limites, des fantasmes assouvis à la portée de tous. Mais d’un autre côté, mon degré de frustration ou d’intérêt ne doit pas être suffisamment élevé pour que le concept des boucles de communion, par exemple, me fasse vraiment tripper. Je constate juste que ça semble détourner l’attention des hommes de quelques questions qui me paraissent plus importantes dans la vie. Mais, là encore, c’est parce que ça rentre en conflit avec mes convictions personnelles.

Pour en revenir brièvement aux articles, quand je constate ma réaction totalement pessimiste face à l’approche finalement positive de l’avenir dans le livre, je ne peux que sourire en lisant la version « démaîtrise » qui, pour le coup, fait vraiment peur. Sauf que, moi, dans une situation comme celle-ci, si elle devait arriver demain, ça ne reste pas longtemps mon problème. Même avec quelques réserves d’insuline, je me donne 15 jours grand maximum avant de passer l’arme à gauche de toute façon. Si quelqu’un décide de me bouffer, je conseille de me cuire avant, ma viande aura un délicieux goût de caramel je pense.

Maintenant que j’ai soufflé un peu, évacué une partie du surplus émotionnel et l’effet de la baffe que le bouquin m’a collé, je vais peut-être pouvoir le relire avec un regard différent. Et je pense m’y atteler sans trop tarder, parce que si je ne le fais pas maintenant, je ne le ferai jamais et je serai bonne pour ranger le livre à côté du DVD d’Avalon.

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