Les Cavernes d’acier d’Isaac Asimov

cavernesacierQuatrième de couverture : Les cavernes d’acier sont les villes souterraines du futur. Là, bien que privés d’air et de lumière naturels, des millions d’hommes vivent à un rythme étourdissant.
Malgré une civilisation superscientifique et l’apparition de robots intelligents, les passions humaines n’ont pas cessé pour autant et le meurtre n’a pas disparu.
Mais le problème de Lije Baley n’est pas seulement de retrouver un meurtrier, il est aussi d’y parvenir « avant » son collègue R. Daneel. R.=Robot, car R. Daneel est un androïde au cerveau électronique ultra perfectionné, créé certes par l’homme, mais qui n’attend peut-être que l’occasion de prendre sa place.

Avis : Je pensais être dépaysée un peu en prenant un livre au pif dans la bibliothèque, je me suis finalement retrouvée en territoires connus. Problèmes de surpopulation, programme d’expansion spatiale, allongement de la durée de vie et bien sûr cohabitation avec ces robots qui ressemblent de plus en plus à l’homme au point de mettre en danger sa place dans la société. La 4ème de couverture est d’ailleurs assez trompeuse puisque l’intérêt du livre ne repose pas tant que ça sur l’enquête. La réflexion se porte rapidement au-delà, et c’est tant mieux. Même si les questionnements ne sont plus du tout inédits et ont été ressassés par de nombreux auteurs depuis, ça n’enlève aucun intérêt à la lecture. Par ailleurs, j’ai été agréablement surprise de détecter l’opposition évidente que l’auteur fait entre les Terriens ayant adopté une fonctionnement très communautaire et communiste dans l’âme ; les médiévalistes attachés aux valeurs du passé poussant même à un retour à la terre et à l’anéantissement des robots, et les Spaciens venus des Mondes Extérieurs qui préconisent l’humanisme et le progressisme. Comme un message à passer en pleine guerre froide…

Le style d’Asimov est simple (comme dit Kame, Asimov est avant tout un scientifique très bon en vulgarisation), mais finalement ça rend la lecture des Cavernes d’acier comparable au visionnage d’un film d’action. Rien que les scènes sur les tapis roulants valent le détour. Il y a peu de temps morts, beaucoup de rebondissements et le rythme est rapide. Une pincée de réflexion sur l’avenir de l’homme par dessus et on obtient une lecture détente très sympathique. Je compte bien me lancer dans la suite sans trop attendre.


A mesure qu’il développait sa thèse, Baley sentait le sang lui monter à la tête.
— Regardez par exemple ce Daneel avec lequel je viens de passer deux jours ! Il est plus grand que moi, plus fort, plus bel homme. Il a tout l’air d’un Spacien, n’est-ce pas ? Il a plus de mémoire et infiniment plus de connaissances que moi. Il n’a besoin ni de manger ni de dormir. Rien ne le trouble, ni maladie, ni amour, ni sentiment de culpabilité. Mais c’est une machine. Je peux lui faire ce que bon me semble, tout comme s’il s’agissait d’une de vos micro-balances. Si je frappe un de ces appareils, il ne me rendra pas mon coup de poing, et Daneel ne ripostera pas plus si je le bats. Je peux même lui donner l’ordre de se détruire, il l’exécutera. Autrement dit, nous ne pourrons jamais construire un robot doué de qualités humaines qui comptent réellement dans la vie. Un robot n’aura jamais le sens de la beauté, celui de la morale, celui de la religion. Il n’existe aucun moyen au monde d’inculquer à un cerveau positronique des qualités capables de l’élever, ne serait-ce qu’un petit peu, au-dessus du niveau matérialiste intégral. Nous ne le pouvons pas, mille tonnerres ! Ne comprenez-vous donc pas que cela est positivement impossible ? Nous ne le pourrons jamais, tant que nous ne saurons pas exactement ce qui actionne et fait réagir notre cerveau d’homme. Nous ne le pourrons jamais, tant qu’il existera dans le monde des éléments que la science ne peut mesurer. Qu’est-ce que la beauté, ou la charité, ou l’art, ou l’amour, ou Dieu ? Nous piétinerons éternellement aux frontières de l’Inconnu, cherchant à comprendre ce qui restera toujours incompréhensible. Et c’est précisément cela qui fait de nous des hommes. Un cerveau de robot doit répondre à des caractéristiques nettement définies, sans quoi on ne peut le construire ; le moindre de ses organes doit être calculé avec une précision infinie, du commencement à la fin, et tout ce qui le compose est connu de nous. Alors, Clousarr, de quoi avez-vous peur ? Un robot peut avoir l’aspect de Daneel, il peut avoir l’air d’un dieu, cependant il n’en sera pas moins quelque chose d’aussi inhumain qu’une bûche de bois. Ne pouvez-vous pas vous en rendre compte ? p304-305

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