Marathon Kubrick 1/2

Note : ce marathon date de décembre 2012. J’ai, comme souvent, laissé traîner.

Allez savoir pourquoi, j’ai eu soudain une furieuse envie de voir ou revoir tout Kubrick. De A à Z mais pas forcément dans l’ordre chronologique ni alphabétique. Pour la petite histoire, le dernier que j’ai vu jusqu’à ce marathon, c’est Eyes Wide Shut, lors de sa sortie en salles en 1999. J’avais encore 20 ans et j’étais en année de licence. Avant, il y avait surtout eu les plus connus (et encore pas tous). Depuis, plus rien. Autant dire que ça ne pouvait pas me faire de mal.

Loin de moi l’idée de rentrer dans de grands délires cinéphiliques, j’ai bien sûr lu beaucoup de choses sur le net à la suite des visionnages, mais je vais me restreindre autant que possible à mon ressenti brut sans chercher à rentrer dans les détails ; il y a bien d’autres sites qui s’y consacrent en profondeur notamment ici et .

Je vais juste commencer par jeter quelques idées générales pour pouvoir y revenir plus tard dans les courts avis. L’une des choses que je trouve absolument fascinante avec l’œuvre de Kubrick, c’est Kubrick en lui-même dont le perfectionnisme transpire littéralement de la pellicule. Hormis avec ses œuvres les plus anciennes, j’ai vraiment du mal à émettre des critiques négatives pour le moment. Je suis encore en mode « yeux écarquillés ». Bien sûr, je n’accroche pas à tous les sujets traités, mais il y a cette perfection et cette audace dans le cadrage, dans la direction d’acteurs, ce sens du détail, l’utilisation très judicieuse de la musique classique qui font que chaque film devient un objet unique et captivant. Et, avantage d’avoir fait ce marathon intense, c’est de voir des thèmes, des obsessions, des effets visuels redondants ressurgir très nettement. Comme, à tout hasard, les symétries et les couloirs.

  • Day of the Fight (documentaire – 1951 – 16′) : Première réalisation de Kubrick, visible sur votre tube. Plutôt bien fichu et intéressant, même quand on ne s’intéresse pas particulièrement à la boxe. Je retiendrai surtout la construction dramatique qui mène au point d’orgue du film : le match.

  • Flying Padre: An RKO-Pathe Screenliner (documentaire – 1951 – 8’36 ») : Il s’agit d’un documentaire en partie financé par la RKO, disponible sur Youtube pour les plus curieux. Il n’y a pas grand chose à en dire, sauf : Quel homme ce Flying Padre ! Il sauve la veuve, l’orphelin et son chien à bord de son avion. Oui, j’avoue, il y avait un petit côté involontairement comique qui m’a fait beaucoup sourire.

  • Fear and Desire (1953 – 62′) Premier film. Il n’est pas surprenant que Kubrick ait tenté d’en détruire toutes les copies. Fear and Desire est assez inégal, l’histoire pas forcément palpitante, les acteurs pas tous au top mais il y a des scènes qui sortent tout de même du lot et qui justifient à elles-seules qu’on s’y intéresse. Il paraît que l’on ressent l’influence de Sergei Eisenstein et de Vsevolod Pudovkin par moments. Ça enlève tout de suite un petit quelque chose.

    Scènes marquantes : La jeune femme attachée à l’arbre et son gardien qui sombre dans la folie (Dès son premier film, cet élément était présent). L’assaut de la cabane au début, très elliptique.

  • The Seafarers (documentaire – 1953 – 29′) : Il s’agit plus d’un objet de propagande que d’un documentaire ; le sujet étant le syndicat de la marine marchande. Sans grand intérêt mais aussi disponible en ligne.

  • Killer’s Kiss (1955 – 67′) : On retrouve le thème de la boxe (et certaines scènes font immanquablement penser à Day of the Fight) mais cette fois avec une incursion dans le film noir pour pimenter les choses. Un héros au grand cœur, une belle blonde fatale prise dans les griffes de son employeur mafieux et une histoire d’amour à laquelle on veut croire jusqu’au bout. Très classique mais réussi.

    Scène marquante : La scène de combat finale au milieu des mannequins avec les plans sur les mains suspendues qui entrecoupent l’action.

Première coupure dans la chronologie. A partir de là, Kubrick ne travaillera plus sur du matériel original, mais principalement sur des adaptations d’œuvres existantes.

  • The Killing (1956 – 85′) : J’ai fini mon marathon par ce film et ce fut un vrai plaisir. Il est non-seulement tout à fait accessible au plus grand nombre, mais, en plus, il est particulièrement bon. Kubrick utilise un montage non-linéaire et c’est la voix-off qui permet aux spectateurs de reconstruire l’histoire de ce hold-up rudement bien ficelé dont il est difficile de prévoir l’issu. Pourtant, avec une telle préparation et un certain génie dans l’organisation, on veut voir les différents éléments s’encliqueter comme des pièces de puzzle à la fin et avoir une vision d’ensemble de l’œuvre ainsi obtenue (« Gangsters and artists are the same in the eyes of the masses…« ). Il y a tout pour que cela échoue : des personnages moins fiables que d’autres, l’intervention d’éléments extérieurs et beaucoup trop de paramètres à prendre en compte pour que ça fonctionne encore si un seul des intervenants vient à faire défaut. Beaucoup de suspense donc, et un dénouement savoureux.

    Scènes marquantes : La fusillade et la scène de l’aéroport.

    Une prestation : Marie Windsor.

  • Paths of Glory (1957 – 88′) : Je ne suis pas grande amatrice de films de guerre en général, mais il y a des exceptions. Ce film en fait partie. J’ai apprécié la façon dont certaines absurdités de la guerre étaient dénoncées et ce sentiment d’injustice implacable qui sert à faire réagir assez violemment le spectateur. Un très bon film au propos engagé contre ces décisionnaires totalement déconnectés des réalités qui jouent avec la barbaque humaine. Le tout est servi par de très bons acteurs. Les réflexions sur la guerre font bien sûr partie des sujets récurrents chez Kubrick.

    Scènes marquantes : La scène de la charge de la la Fourmilière. Chaque interaction tendue comme un string entre le Colonel Dax et le Général Mireau.

    Une prestation : Kirk Douglas.

  • Spartacus (1960 – 187′) : j’ai détesté. Il est long, il est cul-cul la praline à souhait, l’histoire est loin d’être passionnante. Je me suis vraiment forcée à aller jusqu’au bout. J’ai presque envie de dire qu’il n’est pas assez symétrique à mon goût aussi. LE seul point positif que je veux bien lui concéder, c’est la gestion des foules. Parce qu’il y a du monde (jusqu’à 10 000 figurants) dans ce film et que, logistiquement, ça n’a pas dû être simple. Très jolis matte paintings aussi même si on les voit. Pour le reste, vraiment, plus jamais ça. Et quand on connaît un peu l’histoire derrière le film, je ne suis pas la seule à l’avoir dit.

    Scènes marquantes : Pour le fun, la scène des huîtres et des escargots. Elle est fameuse.

    Une prestation : Peter Ustinov, grandiose.

Deuxième coupure. Spartacus aura convaincu Kubrick de ne plus travailler pour les autres mais uniquement sur des projets sur lesquels il aura la main d’un bout à l’autre. Et le changement est très visible.

A suivre…

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