Avis : Animatrix

Le gros des avis a été posté sur CinémAsie en juin 2003. Je les ai retravaillés et j’en profite pour compléter avec celui sur Beyond que visiblement je n’avais pas su écrire à l’époque.

Projet de 9 courts métrages dont les sujets tournent autour du monde de la Matrice.

  • The Final Flight of the Osiris : Forcément, il serait facile de se laisser emporter et de dire que Final Flight of the Osiris est le meilleur de tous les courts composants Animatrix. Avec son action, ses perso au réalisme toujours aussi saisissant, son héroïne au joli minois et au string si…rouge. Pourtant, quand on y regarde de plus près, le scénario tient en une ligne et a pour seul mérite d’être en rapport direct avec Matrix Reloaded où il est fait allusion à l’Osiris. Ça n’enlève cependant rien au plaisir des yeux et on se délecte de ces images à la fois si réalistes et si synthétiques. Les techniques utilisées pour Final Fantasy sont toujours aussi impressionnantes. La musique de Juno Reactor et les mouvements de caméra font de l’entraînement entre Jue et Thadeus une scène d’une extrême sensualité où les corps en sueur croisent les lames métalliques des sabres. Ce qui permet de bien se rendre compte des progrès fait pas Square au niveau des textures de peau et des mouvements des corps qui sont particulièrement bluffants. La gestuelle est l’une des grandes prouesses du court notamment avec la scène d’acrobatie de la fin. Par contre, je suis peu fan des scènes de poursuites avec les sentinelles tant elles manquent d’innovation au niveau de la forme et du fond, même si techniquement on ne peut rien leur reprocher. Au final que reste-t-il ? : de sublimes images que personnellement je ne me suis pas encore lassée de regarder, surtout quand la charmante Jue est à l’écran.
  • Second Renaissance part I & II : Même si le sujet était déjà abordé de manière succincte dans le premier Matrix, les frères Wachowski aux commandes du scénario reviennent sur la période pré-matrice. Mais plutôt que la forme, c’est le propos qui est à mettre en avant avec cette éternelle répétition de l’Histoire : l’homme se trouve un nouvel ennemi, finit par l’exterminer et l’enfouit dans des charniers. Une attitude qui fait écho à des événements que l’on retrouve dans nos journaux quand une guerre éclate quelque part dans le monde. Cette fois l’homme s’en prend à quelque chose dénuée de toute part d’humanité : les robots. Ce qui ne leur laisse que peu de chance. Le commentaire de la voix off métallique est limite superflu. Les images ont déjà beaucoup d’impact par elles-mêmes.

    D’un autre coté et pour revenir à la matrice, Second Renaissance retrace toute l’histoire qui a permis la naissance de la matrice et comment celle-ci a inversé les rôles et fait de l’homme son esclave et sa source d’énergie : la fameuse ironie du sort donc parle Morpheus dans le film avec en plus quelques exemples de vivisection.

    Du point de vue de la forme, ça reste très conventionnel en dehors de 2-3 idées graphiques qui m’ont plus marqué l’esprit que le reste, comme ce cavalier de l’Apocalypse chevauchant à travers les champs de bataille ou ces images de guerre particulièrement violentes. Les éléments en rapport direct avec les films comme les sentinelles et les « couveuses » sont sans surprise.

  • Kid’s Story : Encore un court se rapportant directement aux films de la trilogie Matrix. En effet, il s’agit de l’histoire de Kid, le jeune garçon que Néo a sorti de la matrice et qui ne cesse de lui montrer sa reconnaissance dans Matrix Reloaded. Le début est d’ailleurs très proche du cheminement de Néo pour s’échapper. Le scénario est donc sans surprise puisque c’est en majorité du déjà-vu dans les grandes lignes mais la fin réserve néanmoins une surprise. J’ai honnêtement eu du mal avec l’aspect visuel. Autant dans les plans quasi-statiques, je trouve le style des dessins à la main magnifique (l’envol des corbeaux, les gros plans sur le visage du Kid, le cimetière à la fin), autant dès qu’il commence à y avoir de l’action, les proportions se perdent, le dessin devient torturé et très fatiguant. Ce qui est franchement dommage car la scène de skateboard aurait pu être une belle réussite ; du coté de l’animation, la fluidité est vraiment au top. Je suis d’ailleurs fascinée par la main du professeur qui écrit à la craie sur le tableau et par la chute vertigineuse depuis le toit qui ouvre ce court. Il est bien sûr difficile de ne pas avoir une petite pensée pour Bill Plympton dont le style semble avoir amplement influencé le travail de Shinichiro Watanabe.
  • Program : Dès le départ, les choses sont claires, il s’agit d’une simulation, ce qui laisse beaucoup de libertés à Kawajiri quant au choix du cadre de l’histoire. La Japon médiéval est une très bonne idée qui offre un dépaysement complet par rapport aux autres courts se déroulant soit dans la matrice, soit dans le monde réel. A nous donc les forêts de bambous, les tori, les temples, les armures et les combats de lances. Le fil conducteur est l’opposition d’un traître potentiel (qui reprend le rôle de Cypher) et d’une jeune femme à la crinière blanche, intègre et déterminée. Révélation, séduction et doutes sont au programme et servent de fond aux grandes discussions entre les deux protagonistes. Mais ce qui saute surtout aux yeux, c’est l’animation ultra dynamique jouant sur les accélérations et les ralentis des scènes d’action (courses sur les toits, combats dans les bambous) et le dessin mis en relief grâce à du noir brut ; style que l’on peut ne pas aimer et dont, personnellement, je ne ferais pas des folies pendant des heures. Au final, ce court est tout de même particulièrement réussi et fait partie de ceux qui sortent du lot.
  • World Record : World Record se base lui aussi sur le thème de l’évasion de la matrice mais propose une méthode de le faire assez particulière. Les capacités de ce coureur lui permettent de se dépasser physiquement alors qu’il n’avait pour unique but que de retrouver son record du monde et l’éveillent ainsi dans le monde réel. L’idée est bonne il faut l’avouer. Ce qui l’est moins par contre, c’est le chara-design que je trouve moche ; tout particulièrement le pseudo Brad Pitt que je n’aurais jamais reconnu si les commentaires dans les bonus ne le précisaient pas et dont la gestuelle me fatigue dés sa première apparition.

    Malgré ce style de dessin peu plaisant, il existe une dynamique des images associée à une musique assez « bong bong techno » qui rend la scène de la course spectaculaire en particulier le moment où le poison de la matrice sort de tous les muscles du sportif en explosant. C’est le gros point positif de ce court.

  • Beyond : Il y a un bug dans la matrice. Un lieu où des enfants et une jeune femme à la recherche de son chat vont se retrouver et vont partager un moment magique. Il y pleut alors qu’il fait grand soleil, la gravité y est capricieuse, les ombres échappent à leurs propriétaires et le temps devient non linéaire. Ça fait planer tout le monde, y compris le spectateur. En plus d’être une réussite conceptuelle, il y a le travail graphique magnifique de Koji Miromoto. Tout est chatoyant pour l’oeil : le chara-design, les détails des décors, les couleurs pastelles, la fluidité des mouvements. Et puis il y a Toryanse. S’il ne devait en rester qu’un, ça serait celui-là. Sans conteste.
  • A Detective Story : Ambiance vieux films noirs américains passée au vert de gris granuleux assez réussie. On retrouve des éléments clés : le détective, son téléphone, son whisky sur l’étagère, son phrasé si particulier en voix-off et sa solitude, et une enquête qui le sort de son train train habituel. Les éléments du décor sont un mélange discret d’objets modernes et d’objets plus années 50 et comme tout est potentiellement possible dans la matrice, Shinichiro Watanabe aurait eu tort de ne pas se faire plaisir en recréant cette vision des États-Unis. On a aussi la chance de bénéficier de la présence du personnage de Trinity, même si elle ne ressemble pas trop à Carrie Ann Moss et a l’air de tirer la gueule encore plus que l’originale. Ceci dit on ne la voit pas longtemps et les hommes en noir ne sont pas loin. Le scénario pèche peut-être un peu mais ce court se laisse bien regarder et trouve bien sa place dans l’ensemble.
  • Matriculated : Sans doute l’épisode le plus space du lot. Déjà à cause du concept de base qui veut qu’un groupe d’humains essayent de débaucher des machines en leur montrant un monde sorti tout droit de leurs esprits (une matrice humaine si on peut appeler ça comme ça). Ensuite parce qu’à partir du moment où on rentre dans cette matrice, le dessin devient complètement psychédélique et symbolique, ce qui perturbe un poil au début. La partie monde réel est très sympathique avec un chara-design totalement typique de Peter Chung (Aeon Flux) et des machines insectoides qui changent beaucoup des sentinelles. Par contre, à partir du moment où tout vire au bleu, vert et rose fluo et que le robot court après sa peinture jaune qui s’est agglutinée sous la forme d’une bille, j’avoue avoir eu plus de mal à accrocher au style. Le fond est suffisamment clair pour être compris sans beaucoup de dialogues mais ça reste une vision assez réductrice du psychisme humain et c’est sans parler de la motivation réelle du changement de bord de la machine. A voir pour la bizarrerie de la chose donc et l’idée intéressante que les rôles peuvent être inversés.

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