Avis : L’Île Panorama d’Edogawa Ranpo

ilepanorama4ème de couverture : Pour réaliser un rêve fabuleux, un étudiant, passionné par les œuvres d’Edgar Poe, entreprend la construction d’une île idéale conforme à son imagination : usurpation d’identité, assassinat, délires mentaux, mystifications et mises en scène fantastiques nous entraînent dans un monde étrange et merveilleux, un paradis sur terre qui pourrait bien s’appeler aussi l’enfer.

Avis : L’intérêt du livre repose quasi intégralement sur l’île. C’est l’obsession du protagoniste principal, c’est ce que le lecteur attend de découvrir avec beaucoup de curiosité. La première partie du livre ne fait que relater le cheminement de l’étudiant pour réaliser son rêve extravagant. Tout mène vers l’île. Le moment où le lecteur découvre le résultat à travers les yeux d’un personnage secondaire aurait donc pu être le clou du spectacle, une révélation visuelle presque plurisensorielle extraordinaire. Mais les limites de l’imagination sont atteintes trop rapidement. Malgré toutes les descriptions, impossible de se faire une représentation assez précise pour vraiment être époustouflé par cette île panorama, même si la sensation est bel et bien présente. Cette frustration est renforcée par l’envie de découvrir les lieux par soi-même, car, oui, ils ont l’air fabuleux et les mots ne leur font malheureusement pas honneur. En dernier recours, il serait bien sûr possible de se rabattre sur la version manga de Suehiro Maruo, mais il a lui-même un dessin assez particulier qui risque ne pas se montrer plus à la hauteur. Ça peut malgré tout se révéler être une expérience annexe intéressante.

Hormis l’île qui est presque un personnage à part entière du livre, Ranpo s’attache comme d’habitude à décrire la folie qui habite son personnage et ce qu’elle le pousse à faire. À aucun moment, il n’apparaît comme sympathique. Sa machination est un pari risqué qui ressemble fortement au crime parfait et arrive à éveiller une forme d’admiration et de fascination chez le lecteur. Le retournement de situation ultime reste quant à lui très discutable et n’est là que pour justifier le feu d’artifice final. D’un côté, il s’agit d’une fin cohérente avec le ton du livre mais son déroulement paraît trop rapide et un tantinet tiré par les cheveux. L’île panorama n’est clairement pas le meilleur livre de l’auteur, même s’il s’intègre bien dans sa bibliographie de la folie. Il laisse surtout une forte sensation de frustration une fois la dernière page tournée.

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