Avis : Histoires courtes de Naoki Urasawa

histoires_courtes_urasawaNaoki Urasawa, mangaka de talent à qui l’on doit les excellents Monster et 20th Century Boy, a longtemps refusé que ses œuvres de jeunesse soient publiées hors du Japon. Les lecteurs français ont donc dû se contenter d’un unique tome de Pineapple Army (1986) paru il y a presque 15 ans chez Glénat et qui n’a malheureusement jamais rencontré le succès escompté. Puis, presque miraculeusement, Happy! (1994) a fait son arrivée en 2010. Aujourd’hui, c’est au tour de ses Histoires courtes écrites entre 1980 et 1986 d’atteindre la France. Une bonne occasion de découvrir à travers une trentaine d’histoires courtes à quoi ressemblaient ses premiers pas.

En respectant la chronologie de parution (ce qui n’est pas le cas de l’ouvrage), un premier constat s’impose : l’influence de Katsuhiro Otomo est indéniable ne serait-ce qu’au niveau du coup de crayon des débuts. L’auteur n’a jamais caché son admiration pour cet autre grand dessinateur et scénariste, au point d’avoir même été effleuré par l’idée de lui demander de le prendre comme apprenti. Par la suite, il trouvera vraiment son style qui n’est pas encore aussi abouti et précis qu’il ne l’est aujourd’hui, mais qui est déjà bien reconnaissable. Il suffit de voir les bouilles des gamins pour s’en rendre compte. Elles n’ont pas beaucoup changé depuis et les mioches étaient déjà des petits monstres d’espièglerie.

Au niveau des thèmes, l’éventail est assez large et l’homme s’est essayé à un peu tout : policier, SF, aventure, vie de tous les jours, drame, humour et même histoire en costumes. L’ensemble est quelque peu inégal mais s’avère souvent étonnant. Il y a des petites perles comme l’histoire de la grand-mère et de sa maison (Old Western Mama) qui pince le cœur un bon coup. Il en est de même pour l’intrigue de ce Détective du Taishô qui est rondement bien menée même si la fin se laisse deviner ; elle arrache néanmoins un énorme sourire. L’auteur dévoile également un sens du gag et de la chute qui ressort moins dans ses œuvres plus longues et plus récentes. Ici, le format court favorise l’efficacité et l’effet de surprise qui fera souvent mouche à la dernière page.

Bien sûr, la musique, sa passion de toujours, est déjà bien présente. Le regard qu’il pose sur ses personnages et qui les rend si attachants dès la première planche aussi. Les bases étaient là, le style est simplement devenu plus mature au fil des années. Connaître les œuvres d’aujourd’hui n’est pas essentiel pour lire cet épais one-shot mais c’est très certainement un plus pour apprécier le parcours et l’évolution de ce grand mankaga.

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