Avis : Succubus Blues (Georgina Kincaid 1) de Richelle Mead

Synopsis : Libraire le jour, succube la nuit.
C’est la vie de Georgina Kincaid, un démon dans un corps de femme. A priori, un destin plutôt sympa : la jeunesse éternelle, la séduction absolue… mais impossible de décrocher un rencard sans mettre en péril l’âme de l’heureux élu. Heureusement que son travail de libraire la passionne…
Et son activité nocturne la tient bien occupée aussi : quelqu’un s’est mis à jouer les justiciers parmi les anges et les démons, et Georgina est jetée au cœur de la tourmente. Ses sortilèges sexy et sa langue bien pendue lui permettront-ils de s’en sortir ? (Milady)

 

Avis : Pour certains, la série des Georgina Kincaid est la meilleure de Richelle Mead. En tout cas, c’est comme ça qu’on me l’a vendue. Après avoir lu les 6 Vampire Academy et un Cygne Noir, il était temps de me jeter à l’eau pour voir si l’auteur pouvait effectivement fournir quelque chose d’un meilleur niveau que le reste de son œuvre. Force est de constater qu’elle est au contraire assez constante. Succubus Blues n’est pas pire ou meilleur que le reste, c’est du Richelle Mead. Une écriture correcte mais très loin de faire des étincelles (c’est d’ailleurs pour ça que j’ai cédé à l’appel de la lecture VF, la VO n’apportant rien et la traduction ne m’ayant aucunement hérissé le poil pour une fois.), une héroïne typique qui ne se détache pas vraiment du lot des héroïnes d’Urban Fantasy, une intrigue qui ne va pas chercher bien loin. Contrairement au premier tome des Cygne Noir, il n’y a pas tout l’aspect découverte du monde des faes pour donner de l’intérêt à une histoire assez plate. Tome d’introduction oblige, il faut faire la connaissance de Georgina et de son principal problème que sont ses relations avec les hommes. Forcément en tant que succube, si elle espère pouvoir succomber à un homme, elle prend aussi le risque de l’envoyer six pieds sous terre dans le feu de l’action. Ma crainte principale c’était de me retrouver face à une histoire où le sexe serait prédominant mais Georgina est un succube qui ne s’assume pas, du coup le sexe passe grosso-modo à la trappe durant le gros du livre (Ouf). Il reste donc à supporter sa vie amoureuse et ses indécisions entre son apitoiement sur son sort de célibataire et le rejet systématique de tout homme qui l’aime et qu’elle aime. A côté de ça, il y a vaguement une histoire de meurtres et d’agressions dans la communauté surnaturelle de Seattle. Le problème c’est que comme dans Vampire Academy, Richelle Mead met de grosses flèches lumineuses autour de son coupable dès sa première apparition. Le reste de la lecture consiste donc à attendre mollement que ce qu’on a compris depuis le début se vérifie. Sans parler de ce petit côté Mary Higgins Clark qui vient à l’esprit de temps en temps.

 

Maintenant je vais me livrer à une digression qui va spoiler un peu et va en plus être d’un ennui profond donc libre à vous de sauter le paragraphe et de passer directement à la conclusion.
Le point qui me chiffonne le plus avec Succubus Blues, c’est toute cette histoire de Néphilim. D’une part je trouve incroyable qu’une nana vieille de plusieurs siècles soit aussi inculte. Elle a fait quoi depuis le moment de sa transformation ? En dehors de ne pas accepter son statut de succube ? Pourtant elle a l’air de lire, de s’intéresser un peu au monde qui l’entoure mais jamais elle n’a eu l’idée de lire la Bible, de parcourir quelques ouvrages de théologie ? Elle travaille dans quoi déjà ? Elle a juste fait la cigale et a dansé tout l’été ? Surtout qu’elle connaît Lilith, sa « sainte patronne » et que celle-ci est issue du même type de mythologie dérivée de la Bible que les Néphilim. Certes, il s’agit de fiction et on peut faire tout ce qu’on veut dans la fiction mais parfois c’est simplement trop gros pour passer. D’ordinaire, je fais l’impasse sur tout ce qui touche aux anges (quand ils ne sont pas les simples messagers de Dieu), anges déchus, Diable et autres descendants parce que, bien que n’étant pas croyante pour un sou, j’avoue aimer coller un peu aux textes (je suis très old school testament dans l’âme) et je vois d’un mauvais œil certaines interprétations qui en sont faites. Du coup, le fameux Genèse Chapitre 6 Verset 4 auquel Mead fait référence à de nombreuses reprises a été disséqué avec l’aide de la Tortue, donnant lieu à une franche rigolade et aboutissant, après lecture de plusieurs versions, sur cette note de la Bible de Jérusalem.

« Tout n’est pas clair pour nous dans ce bref épisode de tradition yahviste, mais l’auteur reprend sans doute des éléments d’une tradition populaire à caractère mythologique. La difficulté vient d’abord de l’identité des « fils de Dieu » (cf. Dt 32 8+), puis de la relation qu’il peut y avoir entre leur union avec les filles des hommes et les nephilîm du v. 4. On pourrait penser que ces derniers (on songe ici à Ez 32 17-32 où l’on parle précisément de ceux qui sont » tombés », signification de nephilîm, et qui ont été placés ou sont couchés, malgré leur vaillance, parmi les victimes de l’épée, de même que dans le mythe classique des Titans) sont le résultat de l’union des « fils de Dieu » avec les filles des hommes, mais le texte dit seulement que les nephilîm habitaient sur la terre à ce moment-là. Ils pourraient être les Géants (ou Titans) sémitiques, mais ailleurs on les nomme « fils d’Anaq » ou Anagîm (cf. 13 28.33 ; Dt 1 28+). Sans se prononcer sur la valeur de cette croyance et en voilant son aspect mythologique, il rappelle seulement ce souvenir d’une race insolente de surhommes, comme un exemple de la perversité croissante qui va motiver le déluge. Le Judaïsme postérieur et presque tous les premiers écrivains ecclésiastiques ont vu des anges coupables dans ces « fils de Dieu ». Mais, à partir du IVe siècle, en fonction d’une notion plus spirituelle des anges, les Pères ont communément interprété les « fils de Dieu » comme la lignée de Seth et les « filles des hommes » comme la descendance de Caïn. » (Bible de Jérusalem, note (c), p. 45).

Une explication plutôt intéressante. En complément, vous pouvez lire ce qu’il s’en dit sur cette page. Tout ça pour dire que je n’accroche pas du tout à cette mythologie des Nephilim qui veut faire croire qu’elle a toujours été là dans le texte alors que tout ça est largement ouvert à interprétation. Manque de bol, Mead (et bien d’autres d’ailleurs) a basé son intrigue sur une traduction plus que discutable de la Bible. Fin de le digression.

 

Reprenons le fil de l’avis maintenant. Des points positifs dans tout ça ? Au moins un. Georgina est dotée d’un certain sens de la répartie qui a fait flotter un demi-sourire sur mes lèvres pendant une grande partie de ma lecture. J’ai bien aimé ses interactions avec Seth et la façon dont elle se ridiculise toute seule. Je passe volontairement sur le cas Roman pour une raison qui paraitra évidente à certains. Comme d’habitude, ça se lit très vite, suffisamment pour que l’optique de la lecture du tome 2 ne rebute pas. Mais on est vraiment dans le milieu du panier de l’Urban Fantasy ici. Sympa à lire quand on ne veut pas trop avoir à réfléchir (et encore… cet avis montre que ça a été le contraire pour moi) mais globalement pas immémorable.

Note :

2 commentaires pour “Avis : Succubus Blues (Georgina Kincaid 1) de Richelle Mead

  1. Ta digression est très intéressante, c’est là que je me rends compte que, parfois, quand je lis je ne me pose pas assez de questions sur les bases de l’univers du livre…

  2. Pareil, je n’ai pas trouvé cela ennuyeux.

    C’est une série qui ne m’attirait pas des masses à la base mais au vu e de ta critique, je vais la mettre vers la fin de la liste dans le cas (improbable) où je tombe en panne de livres.

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