Avis : Uzumaki

Les habitants d’une petite ville japonaise succombent peu à peu à la malédiction de la spirale. La spirale obsède, hypnotise, aspire.… Certains se transforment en escargots géants, d’autres cherchent à se faire spirales.

Si on peut classer assez facilement le manga de Junji Ito dans la catégorie horreur cauchemardesque, le film qui en est tiré est définitivement à ranger dans la catégorie OFNI du cinéma. Uzumaki n’est pas un film qui fait peur, mais il intrigue de part sa forme. Dès les premières images, la caméra commence à pivoter sur elle-même pour bien signifier au spectateur qu’il entre dans le monde de la spirale et que ça n’a pas fini de tourner. Ce n’est que le premier des plans complètement bizarres que le réalisateur a décidé de montrer et qui contribuent à faire de ce film une chose hors-norme assez sympathique. Petites musiques joyeuses à des moments inattendus, personnage qui marche à l’envers comme s’il remontait le temps, attention portée avec insistance sur des petits détails qui ne font que renforcer l’impression d’étrangeté (la scène avec la caméra qui filme la poterie puis le visage du potier par exemple). Beaucoup d’artifices pour essayer de remporter ce pari risqué d’adaptation d’un manga relativement inadaptable quand on y réfléchit deux secondes. Du coup, cette impression étrange de bizarrerie permanente semble plutôt être le fruit de la cohabitation de morceaux du manga piochés à droite et à gauche, traités comme des faits divers pour la plupart et qui y perdent un peu de leur âme au passage. Petit détail scénaristique assez critiquable : l’idée de faire disparaître complètement la mère de Kirie (bien présente dans le manga) et de faire un plan vélo à rallonge complètement niais pour bien faire comprendre qu’il y a quelque chose entre les deux jeunes. Tout ça pour ne même pas l’exploiter correctement dans les dernières images du film. Dommage.

Autant le dire tout de suite, le film perd beaucoup de son mystère à partir du moment où on a lu le manga. Quasiment plus aucune « surprise » n’est surprenante, l’angoisse est réduite à néant et on regrette parfois que certains plans du film ne soient que les copies conformes à l’angle de caméra près de planches du livre. Quand il s’agit de faire un clin d’œil à l’auteur sur un panneau d’affichage, passe encore, mais au-delà, c’est manquer d’imagination. Pourtant visuellement, il y avait matière à stimuler les lecteurs du manga, mais le film semble trop fauché pour avoir eu les moyens de ses ambitions. Reste quelques spirales incrustées dans le décor plutôt sympathiques. Par contre les effets spéciaux à plus grande échelle comme dans la scène finale sont trop mal faits pour ne pas être décevants. Bien sûr, il aurait été mission impossible que de tout vouloir porter à l’écran, mais à mes yeux ça n’est pas la partie la plus intéressante du livre mais la plus simple qui a été adaptée. Uzumaki reste donc à voir par curiosité, mais il ne faut pas trop lui en demander non plus. Ce serait aller au devant d’une grosse déception.

Texte également présent sur CinemAsie.com

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