Avis : Ardeur – 14 writers on the Anita Blake, vampire hunter series ~ Part 1

Ce qu’il y a d’intéressant avec ce livre ce sont les petits changements qui ont été fait entre le moment où le projet a été rendu public et le moment où le livre est finalement sorti. Voilà un peu l’historique de la chose. 16 avril 2009, soit il y a un an, une certaine Némésis trouve une référence à ce livre sur Amazon.co.uk. La sortie initiale était prévue pour décembre 2009. Le forum US de l’auteur n’était pas très enclin à dire de quoi ça allait parler et le « unauthorized » de la couverture laissait à penser qu’il y avait largement un lien de cause à effet entre les deux. Tout ce qui avait filtré était le descriptif sur le site de l’éditeur US qui suggérait un recueil d’essais sur les Anita Blake. En octobre 2009, la date de sortie est repoussée à avril 2010. Début décembre, Laurell elle-même fait une allusion au livre via Twitter.

Back from lunch. Almost done with intros to the essay collection, Ardeur. Yes is a collection of essays by others exploring my Anita Blake.

Suivi d’un article sur son blog.
C’est là qu’on devine aisément que l’auteur n’allait pas laisser quelqu’un d’autre parler de son bébé sans son accord et qu’elle s’est invitée dans le comité de rédaction. Au final, le livre est sorti le 6 avril, avec un mot d’introduction de Laurell au début de chaque essai.
Même au niveau de la couverture, il y a de petites modifications subtiles.

Ardeur couverture 1 Ardeur couverture 2

Mais passons au vif du sujet.

Giving the Devil Her Due de Nick Mamatas
Le mot d’introduction de Laurell revient sur la fameuse séance de dédicaces tenue en 2000 au Nebula Awards dont il est fait référence dans l’essai. Il faut avouer que lire cette phrase n’est pas sans rappeler la séance de dédicaces du Salon du livre 2010.

When time came for the official book signing, Barnes & Noble had to give me a table and a chair of my own to one side, sort of segregated from the other authors, because my line was as big as everyone else’s combined

Mamatas était donc à cet événement et se souvient très bien de l’accueil réservé à Laurell à cette occasion, ce qui lui permet de revenir sur ce qui selon lui a fait le succès de l’auteur, ce depuis Guilty Pleasures, le tout premier Anita.

The Anita Blake series earned its popularity by doing something very little fantasy and horror did in the 1990s: it took women seriously.

Il en profite pour écorcher un peu le marché de l’édition aux USA qui a l’époque était d’une telle rigidité qu’il ne discernait pas les perles au milieu du rayon « littérature de gare ». Cas des Anita du début jusqu’à Papillon d’Obsidienne (voir interview de l’éditrice ici).

Il y dit également des petites choses intéressantes au détour d’une phrase : comment l’expérience d’Anita face à ce serviteur humain qui l’a marquée avec la croix chauffée à blanc peut être assimilée à celle d’un viol ou encore comment Laurell a l’art de vraiment définir son genre en s’intéressant plus aux petits soucis du quotidien (courir avec des collants, ça n’est pas pratique du tout) qu’au fait qu’il y a des zombies dans la rue.
Cette première analyse est à la fois très bien vue et montre une admiration certaine de Mamatas vis-à-vis du chemin parcouru par Laurell et comment elle a su effectivement créer un sous-genre nouveau pour l’époque et une œuvre reposant sur des bases tellement solides qu’elle perdure aujourd’hui encore.

The fangs on her neck would have been a recurring theme through-out the novel, indeed perhaps even throughout the series, as the au-thor reveled in the rape survivor–like vulnerability of the “heroine.”

Girls Gone Wild de Heather Swain
LKH revient sur sa vision de l’amour du début quand elle était fraiche et innocente et comment celle-ci a évolué au fils des années et comment cela a influencé la sexualité d’Anita dans les livres. A lire en complément l’un des posts de son blog justement sur ce même sujet.

Que serait Anita sans sexe ? Heather Swain se propose d’analyser comment une jeune femme bien sous tout rapport, chrétienne et pleine de bons principes moraux s’est transformée au fil des livres en mangeuse d’homme à la vie sexuelle débridée. Pourquoi chez certaines (Bertha et Britney) c’est un signe incontestable de déchéance et pourquoi Anita, elle, en ressort au contraire grandie. Swain part dans une comparaison très drôle entre Anita et l’univers de Jane Eyre ou comment, si Anita était apparu dans le livre, elle n’aurait pas cru une seule des belles promesses de Rochester et lui aurait filé une raclée par le même occasion. La comparaison se faisant surtout avec le personnage de Bertha, la première femme que l’on enferme dans le grenier pour cacher sa non-conformité par rapport aux « standards » de l’époque.

Seems there’s no room in Victorian England for a woman who gets mad and likes to fuck. Anita wouldn’t have stood a chance back then. They’d have locked her up and called her crazy.

Et Swain de constater qu’avec les Anita, la vision de la société face à une femme qui assume sa sexualité n’a pas forcément changé mais qu’Anita, et derrière elle Laurell elle-même, ont changé et ont décidé qu’il n’y avait pas qu’une seule règle du jeu pour vivre dans ce monde. Faisant assez justement écho au féminisme de Charlotte Brontë quelques 150 ans plus tard.

Hamilton wrote new rules for the female protagonist. She could be tough, she could be sexy, she could even be bitchy.
She could do whatever she needed to protect herself and make herself happy.

Ambiguous Anita de Lilith Saintcrow
Introduction sur ce qui définit une femme dans notre société, ce que l’on attend d’elle et de ce que sont les relations entre les femmes. Des sujets que Laurell avoue ne pas forcément maitriser, ne basant par ses relations avec les autres sur le genre de chacun mais sur d’autres critères à ses yeux plus importants.
Qui de mieux pour parler de ce qui fait d’Anita un personnage si unique dans l’histoire de l’urban fantasy qu’une autre reine de l’urban fantasy : Lilith Saintcrow, qui trouve le moyen de ramener Buffy sur le devant de la scène. La comparaison est d’ailleurs assez judicieuse. C’est intéressant de voir quelqu’un mettre le doigt précisément sur ce qui est « hors-norme » chez Anita (hors ardeur), sa violence et sa facilité à tuer, sa relation avec le bien et le mal, son côté sombre, le type d’arme qu’elle possède alors qu’elle est une femme. Ce qui rend le personnage ambigu. Tout du moins jusqu’au tome 6 où Saintcrow trouve que l’ambiguïté disparait à partir du moment où la relation Jean-Claude/Anita redevient une relation standard et rassurante : petit/petite ami(e). L’analyse des personnages de Ronnie, Raina et Edward est saisissante et explique effectivement bien l’existence et l’évolution de ces personnages et/ou de leurs relations avec Anita. Il est simplement dommage que Saintcrow semble ne s’intéresser qu’au 6 premiers tomes et ne donne pas l’once d’un avis sur la suite qu’elle a tendance à fortement dénigrer même si elle s’en défend.

Dating the Monsters de L. Jagi Lamplighter
Visiblement quelqu’un a dit quelque chose de travers puisque Laurell se défend bec et ongles d’écrire de la romance (tout court) dans la préface de cet essai. Allant jusqu’à expliquer avec pas mal d’humour et de dérision pourquoi toute sa vie elle a réfuté l’existence même de l’homme parfait et comment le concept même de romance ne l’a touche pas du tout même si elle sait l’identifier. Ça ressemble fortement à un tackle.

Non seulement Lamplighter a visiblement énervé LKH mais en plus elle l’a cherché. Quelle idée de s’embarquer dans une étude comparative de la culture face au divertissement construite comme une dissertation de français qui plus est ! La réduction de l’œuvre à de la romance pure et dure laisse même à penser que Lamplighter n’a pas lu les Anita ou alors n’a vraiment rien compris à ce qu’il s’y disait. Laurell ne se prive pas de répéter que « Love does not conquer all » et pourtant l’auteur de cet essai repart de la célèbre phrase (sans le « does » donc) pour construire son argumentaire pro-romance complétement à côté de la plaque.

Vers la deuxième partie.
Lire en VO

2 commentaires pour “Avis : Ardeur – 14 writers on the Anita Blake, vampire hunter series ~ Part 1

  1. J’ai trop hâte de l’avoir!!

    Par contre, je comprends pas cet écart de sortie entre les USA et la GB…

Les commentaires sont fermés.

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