Avis : Souvenirs goutte à goutte de Isao Takahata

Initialement publiée sur Cinemasie le 1er juillet 2002 avec la note en forme de goutte de 3,25/5

omohide_poro_poro C’est beau mais jamais vraiment passionnant
Avant de visionner ce film, il faut être sûr de vouloir regarder un film qui prend son temps. Rien que pour ça, j’ai eu du mal à me concentrer sur Omohide Poro Poro. L’état d’esprit dans lequel on aborde le film joue beaucoup car le sujet, en plus de n’être pas forcement passionnant, est traité avec lenteur. L’histoire alterne constamment entre passé et présent de Taeko mais je trouve le présent plus contemplatif. Le passé fait plus réagir au niveau des sentiments. En effet, qui n’a pas le souvenir d’avoir ressenti des frustrations et des grandes joies pour des choses qui aujourd’hui paraissent bien insignifiante avec le recul ? Des choses qui resurgissent dans nos mémoires des années après grâce à un petit déclencheur. C’est exactement ce qui arrive à Taeko. D’ailleurs, au final, on en sait plus sur l’année de ses dix ans que sur ce qui est advenu d’elle après.

Au niveau du présent, on est baladé dans une campagne avec de la belle musique hongroise. Les paysages sont absolument magnifiques, c’est le gros point positif et je dois avouer que ça vaut le détour. Mais ça ne rattrape le fait qu’il ne se passe pas grand chose. Taeko cueille des fleurs, se balade avec Toshio, a des grandes réflexions sur la nature et le mode de vie des citadins. On a plus envie d’être à sa place dans cette campagne somptueuse et de profiter du calme environnant plutôt que de l’y voir évoluer. Reste alors à profiter de ses souvenirs encadrés par un voile blanc et tout en tons pastel qui sont un nouveau plaisir pour les yeux.

Les deux périodes décrites sont des témoignages de deux époques au Japon et c’est là le plus grand intérêt de Omohide Poro Poro. Encore une fois le passé est plus intéressant. Taeko dans les années 60 a 10 ans et vit dans une famille où la seule référence masculine est un père autoritaire devant qui tout le monde s’incline. Il ne dit ni ne fait grand chose mais à chaque fois qu’il agit, ça laisse un souvenir marquant dans l’esprit de la jeune enfant. Le reste de la famille est exclusivement féminin avec la présence de la mère, des sœurs et de la grand-mère. Traditionnel donc. Et il y aussi ces moments savoureux où tout le monde se réunis autour de la découverte de l’ananas, de l’art de le découper et la déception au moment de le goûter. En dehors de la vie de famille, on suit Taeko à l’école où visiblement ce ne sont pas les professeurs qui l’ont le plus marquée mais plutôt ses rapports avec ses camarades.

Retour dans le présent avec l’art de la cueillette et le conditionnement traditionnel des benibana. Une fleur qui était encore exploitée au début des années 80 pour obtenir un colorant naturel pour les textiles. Là aussi c’est le témoignage d’une pratique qui a disparue avec le temps. Il est tout à faire compréhensible que ce film ait été un succès lors de sa sortie au Japon parce qu’au final ça leur parle directement de leurs souvenirs, de leurs traditions, d’un retour à la nature. Pour nous ce sont de magnifiques dessins qui illustrent des moments de vie d’une femme et qui nous apportent des éléments de la culture japonaise mais d’une manière tellement passive que ça en perd de l’intérêt. Pourtant après le générique de fin, on serait prêt à dire que c’est merveilleux et que l’on a passé un bon moment tellement cette séquence est remplie de bonheur à l’état pur. Mais cela ne fait que rendre l’impression générale d’autant plus mitigée.

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