Avis : Monster de Naoki Urasawa

Initialement publiée sur Cinemasie le 16 juin 2002 avec la note monstrueuse de 4,5/5 et un petit cœur.

monster Un monstre (de manga) s’est échappé de l’esprit d’Urasawa
Le film l’Ultime Souper est basée sur une idée : si vous saviez tout le mal que Hitler allait faire dans sa vie et que vous le rencontriez dans un bar en 1936, est-ce que vous le tueriez ? Dans Monster ce type de question vient à se poser aussi. En effet, si le docteur Tenma avait su que sauver la vie de cet enfant en 1986, pourrait permettre la survie d’un monstre en puissance, est-ce qu’il aurait vraiment tenté cette opération si délicate ? 9 ans plus tard, Tenma est impliquée dans une sombre affaire qui va le contraindre à partir à la recherche de Johann et à réparer l’erreur qui a fait en le sauvant d’une mort certaine. Et quel dilemme pour un médecin que devoir tuer ! Là où les choses se compliquent encore c’est que Johann est un personnage très intelligent avec un passé plus qu’obscur et que Tenma n’est pas le seul à le rechercher. On se retrouve plongé dans le monde des néonazis allemands qui font aussi froid dans le dos que ceux que l’on peut voir dans les reportages d’Envoyé Spécial.

Autour de Tenma, on trouve de nombreux personnages très attachants comme la jolie Nina ou le petit Dieter mais aussi d’autres que l’on n’a aucun mal à détester. Et il y a ceux entre-deux comme le flic aux trousses de Tenma qui vit trop pour son boulot et néglige sa famille, doué d’une intelligence qui fait que l’on sent qu’un jour il comprendra que Tenma n’est pas l’homme qu’il a cru cerner au premier regard. Ce travail tout en nuance s’applique aussi à l’ex de Tenma qui est absolument insupportable mais au sujet de laquelle certains détails sont livrés et qui excusent un peu son comportement.

La vision de l’histoire n’est d’ailleurs pas que celle de Tenma mais aussi d’autres personnages secondaires dont on suit l’évolution et qui donne un temps d’avance au lecteur dans la compréhension et la résolution de l’aventure. Mais ce qui peut répondre à des questions est aussi susceptibles d’en poser d’autres. Et il semblerait que ce soit là une grande spécialité de Urasawa qui en use à merveille. L’histoire s’éclaircit, s’assombrit et rebondit sans que le lecteur ait le temps de se plaindre. C’est un plaisir de lire un scénario d’une telle qualité agrémenté d’un dessin qui semble arriver à maturité et qui malgré la simplicité des traits (au sens : pas de surcharge) est graphiquement irréprochable.

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