Repo! The Genetic Opera

Une fois n’est pas coutume, je vais m’attarder un peu sur un film vu récemment. Un OFNI dont je n’ose même pas espérer la sortie en salle de ce côté de l’Atlantique tellement c’est un OFNI justement. Petite fiche descriptive pour bien commencer.

Repo! The Genetic Opera Repo! The Genetic Opera

Réalisateur : Darren Lynn Bousman (Saw II, III et IV)
Scénaristes : Darren Smith et Terrance Zdunich
Producteur exécutif de la musique : Yoshiki Hayashi (YOOOOOOSHIIIIIKKKIIIIIIIII !!!!)

Shilo Wallace : Alexa Vega
Rotti Largo : Paul Sorvino
Nathan / Repo Man : Anthony Head
Blind Mag : Sarah Brightman
Amber Sweet : Paris Hilton
Luigi Largo : Bill Moseley
Pavi Largo : Nivek Ogre
Graverobber : Terrance Zdunich
Marni : Sarah Power

Genres : Science-Fiction, Horreur, Opéra-Rock.
Site du film : http://www.repo-opera.com

Repo! The Genetic Opera Repo! The Genetic Opera

Résumé : En 2056, une épidémie de défaillances d’organes fait des millions de morts à travers le Monde. Apparait alors la société GeneCo qui offre la possibilité de se faire greffer des organes aussi facilement qu’on achète une voiture avec plan de financement à la clé. Sauf qu’en cas de non-payement, GeneCo envoie son Repo Man : l’homme chargé de la repossession des organes qui appartiennent toujours à GeneCo tant que le crédit n’est pas remboursé. La méthode de récupération de l’organe en question est généralement expéditive et définitive. Dans ce monde sans concession, la jeune Shilo vit dans sa bulle, forcée par son père à rester enfermée chez elle en attendant d’avoir trouvé un traitement à sa maladie rare. Elle passe ses journées à collectionner les insectes, visiter la tombe de sa mère et à rêver du monde extérieur. Jusqu’au jour où Rotti, le président de GeneCo demande à la rencontrer…

Repo! The Genetic Opera Repo! The Genetic Opera

Avis : Sur le site officiel, le film est décrit comme un opéra industrielo-wagnerien ou encore opéra punk/cabaret industriel. Rien que dans les affiches du films qui illustrent cet article, on sent bien le côté industriel à la sauce propagande russe. C’est une gageure de sortir un film comme ça sachant que son public ne pourra qu’être très limité. Mais finalement n’est ce pas ce qui s’est produit pour un autre monument musical et filmique qui a fait date dans l’histoire : The Rocky Horror Picture Show ? Qui n’est pas non plus tout public, en passant. Intéressant d’ailleurs de comparer un peu le parcours des deux : nés sur scène, puis transposés en film quelques années plus tard, des flops complets au box-office mais une communauté de fans purs et durs qui s’habillent comme les personnages du films et chantonnent en cœur. Bien-sûr, il faudra attendre encore quelques années pour voir si la comparaison s’arrête là mais Repo! a un très fort potentiel pour suivre le chemin de son ainé.

A mes yeux, ce film a définitivement quelque chose de visionnaire. Essentiellement parce que son sujet n’a en lui-même rien d’improbable. Ce monde décrit avec tant de noirceur n’est autre qu’un monde où le capitalisme sans une once de morale aurait atteint son apogée et où les multi-nationales se feraient de l’argent sur le dos d’une population exsangue qui n’aurait d’autre alternative à la mort que de s’acheter des organes à crédit. Mais gare aux impayés ! L’huissier ne prendra même pas le temps de regarder les meubles cette fois. Ah mais vous n’avez pas besoin d’opération ? On vous convaincra que c’est pourtant ce qu’il y a de mieux pour vous et qu’en plus, grâce au Zydrate, anti-douleur miraculeux, vous ne sentirez rien. Au risque de devenir dépendant à la chirurgie et aux injections de Zydrate qui devient à son tour une substance convoitée par tous. Comment ça, ça n’est pas joyeux comme perspective ? Je vous rassure tout de suite, la fin n’est pas plus morale. Et puis c’est franchement gore et sanglant. Mais peut-être parce que l’ambiance du film s’y prête bien, ça n’est jamais choquant ou effrayant. C’est grotesque et flamboyant avec de l’humour aussi noir que le reste. Le gore passe du coup comme une lettre à la poste alors qu’on assiste en gros plan à du trifouillage d’entrailles à pleine main au milieu d’hectolitres de sang. On est dans la cour des grands là ! Il n’y a pas de High School Musical qui tienne !

Parlons un peu musique justement. Ce qu’il vaut mieux savoir au préalable, c’est qu’il n’y a pas une seule phrase non-chantée dans le film, c’est selon les trivia d’IMDB pas moins de 58 chansons et musiques qui s’enchainent (durée du film : 97 minutes je rappelle). Parfois, j’avoue, c’est un peu lourd et brouillon au point que le rythme se perd dans les changements de tons. Heureusement seule les chansons essentielles ont été reprises sur le CD de bande-originale. J’ai tellement écoutée cette BO avant de voir le film que je ne peux pas être complétement objective mais il y a à mon sens de vraies petites perles dedans qui prennent vie et sens en voyant enfin le film. C’est là qu’il faut parler un peu du casting dont tous les membres interprètent eux-mêmes leurs chansons et avec brio en plus. C’est bien-sûr toujours un plaisir d’entendre Anthony Head chanter (même en jarretelles si si ! mais je m’égare). Il se glisse à merveilles dans le rôle complétement schizophrénique de Nathan/Repo. Il est secondé par le très joli brin de voix d’une parfaite inconnue (Alexa Vega) qui est une Shilo, jeune et innocente dans ce monde de brutes, plus que convaincante. Inutile de parler de Sarah Brightman, il y a 1,5 milliard de Chinois pour témoigner qu’elle a une superbe voix. Il faut voir son look à la fois flippant et féérique dans le film par contre. Et Paris Hilton dans tout ça, me demanderez-vous ? Erreur de casting ? Et bien pas tant que ça en fait. Aussi surprenant que ça puisse paraître, elle ne s’en sort pas si mal que ça. Vocalement, rien à redire. Visuellement, égale à elle-même. Il y a juste une ou deux scènes où on entend le vent des ailes de la mouette qui vit dans sa tête creuse mais sinon elle ne gâche pas le spectacle et la caster dans le rôle d’une enfant pourrie-gâtée qui change de visage toutes les 2 scènes, ça n’était pas une si mauvaise idée au final.

Visuellement, à mon avis, il y a peu de plans qui n’ont pas du être retouchés en post-production mais le rendu est vraiment réussi et participe bien à l’ambiance glauque. Une petite réserve pourtant au sujet de la forme : l’idée de présenter une partie de l’histoire sous forme de comics est à la fois une bonne et une mauvaise idée. En fait, elle aurait été bonne tout court, si à chaque fois les mêmes saynètes n’étaient pas reprises dans la foulée en « live ». Il n’empêche que je suis fan de cette histoire parfaitement dramatique, de cet univers cauchemardesque, des chansons où se croisent art lyrique et hard-rock sur fond de faucilles et de marteaux (surtout de marteaux) et que ça ne fait jamais que la 4ème fois que je me passe la BO pour accompagner la rédaction de cet article. Même s’il ne sort pas en salles en France, j’espère qu’il aura au moins droit à sa sortie DVD. Ça serait dommage de passer à côté de ce petit bijou si original qui fait du bien par où il passe.

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