Avis : Pretty/Handsome

pretty/handsome Un petit mot avant de me lancer dans l’avis. J’aurais dû intituler cette article : « rentrée des séries 2008-2009 : Pretty/Handsome » mais en l’occurrence cette série ne fera justement pas la rentrée. J’ai quand même décidé d’en dire quelques mots parce que je fais partie de ceux qui ont aimé le pilote et trouve dommage que l’idée n’ait pas été gardée. Pour les non-anglophones, je précise que pretty et handsome sont deux adjectifs signifiant beau/belle mais qui sont réservés respectivement aux femmes et aux hommes. On dit pretty woman et handsome man. Les inverser volontairement est plein de sous-entendus et un pretty boy devient un minet. La série ayant pour sujet l’identité sexuelle, il est assez logique que le titre joue sur les mots.

pretty/handsome A priori, rien ne laissait présager que cette série attirerait mon attention. D’ailleurs, je pense que c’est le cas pour beaucoup de monde. Pretty/Handsome suit l’histoire de Bob, marié, 2 enfants et gynécologue. Jusque là rien d’extraordinaire. Sauf qu’on se rend rapidement compte que ce père de famille à qui tout a réussi se sent femme au plus profond de lui-même et que finalement sa vie est en pilotage automatique pour respecter les conventions. En apparence en tout cas. Déjà tout petit, il aimait s’habiller avec les vêtements de sa mère, maintenant il craque pour de la lingerie féminine qu’il aime porter en secret dans la salle de bain. Puis arrive l’élément perturbateur qui va lui montrer que sa vie pourrait être autre. Il ne lui reste plus qu’à confronter sa famille et le petit cercle bourgeois du country club local qui risque d’avoir beaucoup de mal digérer la nouvelle. Là, déjà, le sujet devient plus délicat à traiter, un peu comme l’est le sujet de la polygamie dans Big Love (HBO), mais pas forcément attrayant pour autant. Oui, mais voilà, c’est Ryan Murphy qui est aux commandes. Et Ryan Murphy c’est Nip/Tuck. Ceux qui connaissent repensent forcément à Ava Moore, personnage interprété par Famke Janssen dans la saison 2, qui était un homme ayant subi une opération de changement de sexe, et dans les bras de laquelle tombait le très innocent Matt. Un sujet qui semble travailler Murphy. Ça mérite qu’on lui laisse une chance, à ce pilote.

pretty/handsome Honnêtement, même au bout de la moitié de l’épisode, j’étais toujours moyennement convaincue, même s’il y avait déjà matière à alimenter la série. La famille de notre « héros » a du potentiel. Sa vie de couple vivote plus qu’autre chose et sa femme est à 2 doigts de succomber aux charmes de la jeunesse sous la forme du meilleur ami de leur fils ainé, Patrick. Lui-même ayant réussi à mettre en cloque sa copine qu’il compte aider à accoucher en secret et il pense être assez fort pour abandonner le marmot à la sortie. Oliver, le cadet, a 10 ans et est surdoué. Ses seuls problèmes ne sont pas ses notes mais les filles et ses hormones qui semblent aussi précoces que son cerveau. Là-dessus, le père de Bob se tape la secrétaire mais, finalement, c’est plutôt banal à côté du reste. Et donc, au milieu de tout ça, il y a Bob dont on découvre les pensées les plus intimes via des scènes surexposées et/ou saccadées de fantasmes ou de flashbacks qui aident grandement à transmettre son malaise d’être une femme emprisonnée dans un corps d’homme et de ne pouvoir en parler à personne. Jusqu’à cette fameuse rencontre, dans son cabinet médical, qui va lui faire reconsidérer son problème et le rendre actif vis à vis de celui-ci. Il ne reste plus qu’à en parler à son entourage et il commence par tâter le terrain tout en se faisant plaisir par la même occasion ce qui donne lieu à une scène assez spectaculaire. A l’occasion du bal d’Halloween, il convainc sa femme d’échanger les rôles « pour le fun » : elle ira déguisée en médecin ; il ira déguisé en infirmière (et le résultat est assez bluffant, il faut l’avouer. Comme l’épisode ne traversera jamais l’Atlantique, je vous mets une petite photo plus loin pour la forme). Le premier et unique épisode se conclut sur « la scène de l’hippocampe » et ce bout de dialogue :

– The male seahorse is the only one who actually fertelizes and carries their offsprings.
– So the chick seahorse does the guy and then the guy carries and has the babies. Why not call the chick seahorse the guy and the guy seahorse the chick ?
– Because nature at its best is complicated.

Cliché mais finalement un parfait résumé de la situation. (pour comprendre le blabla au dessus, je vous renvoie directement à la fiche de l’hippocampe et à son mode de reproduction)

pretty/handsome A la fin, j’étais plutôt partante pour voir la suite, non seulement parce que la réalisation est beaucoup plus intimiste que celle de Nip/Tuck, tout en gardant le style « coup de pieds dans la fourmilière », mais surtout parce que le casting a le mérite d’être convaincant et surprenant. Joseph Fiennes (Shakespeare in Love que j’aime) dans le rôle principal, ça fait tout de même bizarre au début, puis au fil du pilote, je me suis laissée séduire par ce choix, et je dois avouer qu’il est parfait pour le rôle. Il joue très finement sur les ambiguïtés du personnage sans en faire trop et fait une infirmière époustouflante. Sa femme qui va devoir encaisser le coup à un moment ou à un autre est interprétée par Carrie Ann Moss (Matrix, Memento) et n’est pas ce que j’appelle un sex-symbol même si elle est loin d’être moche, ce qui ne doit pas être un hasard vu l’histoire. Pour le reste, en dehors de Robert Wagner et Sarah Paulson, je dois dire que se sont tous de parfaits inconnus pour moi. Sauf peut-être Alexandra Billings dont le visage me dit définitivement quelque chose et qui, pour le coup, était vraiment un homme à l’origine. J’ai beaucoup aimé ses scènes avec sa/son partenaire. Je les ai trouvées touchantes et d’une belle justesse dans le ton.

La mauvaise nouvelle, c’est que le pilote de la série a été rejeté par FX (chaîne où passe déjà Nip/Tuck), ce qui tue la série dans l’œuf ; aucune autre chaine n’ayant repris le flambeau. Certes, un sujet comme celui-là est délicat et définitivement casse-gueule mais il a le mérite d’être couillu (pun intended). Le problème évident, c’est qu’effectivement le public visé, qui à mon avis ne peut être qu’un public à l’esprit bien ouvert à la base, n’aurait pas été suffisant pour que le jeu en vaille la chandelle. Dommage, ça aurait eu le mérite de lancer plein de débats et de faire grincer des dents 🙂 J’aurais mieux vu ça sur HBO, mais la messe est dite, ça sera nulle part au final.

PS : Aurais-je oublier de dire que les choix musicaux sont particulièrement adéquats ? Bien sûr, il y a Queen et son Bohemian Rhapsody et du The Dresden Dolls avec un titre plus qu’évocateur : Sex-changes

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