Joint Security Area (JSA) de Park Chan-wook

Synopsis (piqué sur wikipédia) : Dans un poste de garde situé du côté nord de la zone commune de sécurité (Joint Security Area en anglais) séparant les deux Corées à Panmunjeom, deux soldats de l’armée nord-coréenne sont tués par un soldat du sud, le sergent Lee Soo-yeok. Le nord parle de tentative d’invasion, tandis que le soldat affirme avoir été victime d’un enlèvement. Cette affaire trouble donne lieu à un incident diplomatique majeur. Afin d’apaiser la crise, la Commission de supervision des nations neutres en Corée (composée de la Suède et de la Suisse) envoie Sophie E. Jean, Suisse d’origine coréenne, pour enquêter sur le terrain. Cette dernière rencontre le sergent Lee et découvre rapidement qu’il n’a pas été enlevé comme il le prétend.

 

Avis : J’arrive pour ainsi dire plus de 20 ans après la guerre. La plupart de mes camarades de CinémAsie ont vu et critiqué JSA à l’époque où le film faisait l’événement. Je crois me souvenir que cette histoire de soldats ne m’avait pas trop attirée sur le moment et que j’avais préféré continuer à regarder des films d’horreur japonais. Aujourd’hui, je rattrape enfin mon retard, et quelle claque ! Je fais partie du camp de ceux qui ont été embarqués par l’histoire et qui en sont ressortis bouleversés.

Sans surprise, j’ai totalement accroché à la construction en plusieurs chapitres qui permet de dévoiler la véritable histoire derrière l’incident. Véritable histoire dont seul le spectateur aura une vision d’ensemble à la fin. Bien sûr, ayant regardé Mademoiselle il y a quelques semaines, je ne peux que faire un parallèle entre les deux films, même si ici, on se fait moins balader et que l’histoire est plus linéaire. J’ai aussi adoré la façon dont se construit l’amitié entre les soldats, dans les silences, dans les regards, dans les chicaneries, avec ce gros soupçon de gay vibe qui ne dit jamais son nom, mais qui donne un niveau de lecture encore différent au drame. Parce que, selon moi, JSA est une histoire d’amour impossible : entre les deux Corées, certes, mais surtout entre deux hommes. Si si, repensez-y en revoyant les dernières scènes du film. Celle de Lee Byung-hun et celle de Song Kang-ho. Quel magnifique duo d’acteurs d’ailleurs ! Impeccables, subtils, touchants, d’un bout à l’autre. Je vois Song Kang-ho partout en ce moment, même à Cannes, et c’est vraiment un acteur qui a su capter mon attention en quelques films. Il a un talent fou, quel que soit le rôle qu’il endosse.

Après les visionnages récents de Mademoiselle et Memories of Murder, j’ai aussi commencé à remarquer une sorte de timide écho entre l’œuvre de Park Chan-wook et de Bong Joon-ho : ils aiment confronter deux mondes et « observer » de ce qu’il se passe ensuite. La pâle beauté et la paysanne bronzée dans le premier, le policier des villes et le policier des champs dans le second. Dans JSA, c’est le sud qui rencontre le nord, et ce qu’il en ressort, c’est le constat que le rapprochement entre deux peuples ne tient parfois qu’à un petit pont à franchir sous la pluie.

Le seul gros point noir du film, c’est le choix de l’actrice, jolie mais très fade, qui mène l’enquête et de tous ceux l’accompagnant en langue anglaise. Les passages en anglais sont une catastrophe au niveau de la direction. Je ne parle même pas de la seule phrase en français qui est à peine intelligible. C’est dommage de ne pas avoir réussi à trouver des acteurs plus crédibles pour toute cette partie. À l’international, ça ne pardonne pas.

Mais quel film, quand même ! Quel film !

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