Dune, partie 1 réalisé par Denis Villeneuve

De ma lecture de Dune il y a plus de vingt ans, je n’ai gardé que quelques souvenirs très diffus, vaguement ravivés par le visionnage du Dune de David Lynch et de la mini-série du début des années 2000. J’arrivais donc en salle avec un esprit quasi vierge en ayant vu une fois le trailer. Je n’ai rien lu depuis la sortie, je me suis juste assise dans mon fauteuil en similicuir et je me suis laissée porter. Et mon voyage n’aurait pas pu être plus parfait.

Que les choses soient claires : ce film-là, il faut le voir en salle, sur l’écran le plus grand possible avec un système de spatialisation et de rendu du son digne de ce nom. Il a été pensé pour l’IMAX et, croyez-moi, je ne me suis pas encore remise de ma séance. Des films comme celui-là, on n’en voit pas tous les jours et, honnêtement, la dernière fois que je m’en suis pris autant dans les yeux et les oreilles, c’était avec Avatar de James Cameron en 2009. Film que j’avais vu deux fois parce qu’il fallait profiter qu’il soit en salle pour le faire et que je ne suis pas loin de me dire qu’il faudrait faire pareil ici.

Car voir Dune au cinéma est une expérience extrêmement sensorielle. Denis Villeneuve abordait son travail avec des intentions précises, notamment que le spectateur se sente écrasé par les plans et les paysages immenses, trop immenses pour tenir dans le cadre. Et c’est réussi, ses images hantent longtemps après le visionnage du film. Ses cadrages sont envoûtants, les vaisseaux époustouflants. Et puis, ces vers… D’où l’importance de le voir dans une salle IMAX d’ailleurs. Sur une toile de cette taille, il est impossible de saisir tout ce qui est présenté à l’écran sans devoir tourner la tête. Surtout que le réalisateur ne centre pas toujours son action. Parfois, elle se déroule dans une partie de l’image, parfois il faut balayer l’écran de droite à gauche pour tout saisir. Je pense en particulier à l’imposante scène de la table vers la fin qui est visuellement splendide. Un vrai tableau. Et puis, il y a le traitement de l’image qui a une texture. Pour en savoir plus sur tout l’aspect technique, je vous renvoie à la vidéo du Fossoyeur de films qui explique bien ce processus de création visuelle. En plus de l’image, il y a bien sûr le son. L’air vibre dans la salle quand un ornithoptère passe « au-dessus » de nos têtes, quand le ver face caméra produit des sons profonds et l’usage de la Voix fait trembler les sièges d’une manière si brutale qu’on la ressent dans tout le corps. Le tout est accompagné par une superbe bande originale signée Hans Zimmer, qui demande à être apprivoisée, mais dont la réécoute suffit à replonger dans le film.

Pour ce qui est de l’histoire, je ne m’aventurerai pas sur le terrain de la comparaison avec le livre, de la justesse du casting ou des choix artistiques rendant dignement hommage à l’œuvre d’origine. Je laisse ça aux fans qui maîtrisent bien mieux tout ça que moi. À ce titre, vous pouvez lire l’avis de Chani sur son blog. Je sais juste que j’ai adoré la façon dont le mysticisme transpire à l’écran et se glisse dans chaque pore de la peau. Je n’ai jamais été perdue par la mise en place de l’histoire, dont il me restait des bribes en mémoire, et j’ai trouvé le casting impeccable de bout en bout, même si j’ai bien compris que les libertés prises avec les personnages faisaient grincer des dents. Du point de vue d’une quasi-néophyte, ça fonctionne. J’ai aimé les choix de costumes, les mises en scène parfois dérangeantes, parfois si épurées. J’en reviens encore une fois à l’aspect visuel, mais ce film est un tel plaisir pour les yeux.

Est-ce qu’il y a néanmoins des reproches à faire ? Bien sûr, Dune n’est pas parfait. J’ai notamment été un peu perturbée par la fin qui enchaîne des scènes plus courtes qui enveloppent moins et qui donnent une impression d’étirement alors que le film aurait pu se terminer plusieurs fois. Et mieux vaut ne pas s’attarder sur la toute dernière scène qui fait assez mal son travail. Il y a aussi la légère frustration de voir une magnifique et gigantesque mise en bouche, avec la crainte que la partie 2 ne voie jamais le jour. Actuellement, le film cartonne dans les pays où il est sorti. À ce rythme, il sera rentabilisé avant même la date de sortie fixée au 22 octobre pour les USA (soit plus d’un mois après le reste du monde). Ce qui serait une bonne chose, car là-bas, il sortira simultanément au cinéma et sur HBO Max. Autant dire que le film sera piraté dans la minute et disponible partout dans le monde dans l’heure. Reste à voir donc ce que la hype mondiale aura comme effet, positif ou négatif, sur l’un des pays mètres étalons du box-office. Croisons les doigts pour que les Américains se déplacent. Parce que la partie 2, s’il y a, ne sera pas pour tout de suite.

En attendant, n’attendez pas. Je l’ai dit et le redis : Dune est fait pour être vu sur grand écran, pour profiter pleinement de sa lumière, sa pénombre, ses contrastes, son sable, ses vibrations, ses basses, ses cadrages léchés, ses vaisseaux géants, ses vers, ses architectures brutalistes, et tout ce que j’oublie. C’est vraiment un grand spectacle ! Et un pari risqué réussi !

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