La Neige en deuil d’Henri Troyat

Présentation de l’éditeur : Poignante et terrible confrontation de deux hommes, de deux idéaux, la neige en deuil place une tragédie de l’honneur dans le cadre splendide et inhumain des Alpes. Un grand avion venant des Indes s’est écrasé sur un pic neigeux. Les passions humaines les plus diverses éclatent devant le danger d’une expédition de secours.

Avis : Ce livre m’a hantée pendant des décennies. Oui, des décennies. Trois pour être précise. La Neige en deuil est l’un des ouvrages que je n’ai pas eu le choix de lire la première fois. J’étais en classe de 4e et, de toute évidence, la professeur de français avait trouvé un intérêt à nous l’imposer. C’est resté pendant longtemps l’un de mes pires souvenirs de lecture du collège, avec les Robestiques de Claude Cenac et la Vénus d’Ille de Mérimée. Je m’étais visiblement empressée de l’oublier, car je ne me rappelais ni du titre ni de l’auteur et les bribes d’histoire qui sont restées ne m’ont jamais permis de le retrouver. J’avais gardé des images mentales de l’ascension, de la neige, de la tempête et d’un mort, pour ne rien spoiler. Chaque fois que je cherchais « roman escalade écrivain français », je tombais sur Premier de cordée de Roger Frison-Roche et le résumé ne me disait rien. Jusqu’à ce que je retombe sur mon exemplaire dans le grenier de mes parents… Il y a eu une forme de soulagement immédiat à enfin pouvoir plaquer des éléments concrets sur ces vieux souvenirs si désagréables. J’ai été particulièrement surprise de découvrir qu’il était signé Henri Troyat, que je n’associe pas vraiment à ce genre.

Du coup, je m’y suis replongée. Et je ne comprends toujours pas pourquoi on avait dû le lire. Mystère persistant que je mettrais sur le compte d’un coup de cœur de l’enseignante. Le seul exercice dont je me souviens, c’est une étude d’un champ lexical lors du départ de nuit pour la montagne. Rien d’autre. Est-ce qu’il nous a été dit que cette histoire se basait sur un accident d’avion bien réel ? Est-ce que la psychologie des personnages nous avait été expliquée ? Est-ce que nous avions marqué un temps pour nous intéresser au glissement vers la folie ? C’est en tout cas ce qui a retenu mon attention cette fois, mais sans vouloir me sous-estimer, je doute que ça ait pu m’intéresser à l’époque. En plus, le cadre avait tout pour rebuter. Que penser à 13 ans de l’élevage des moutons à la montagne, de la vie à la dure sans eau courante ni électricité et du fait que, dans les années 50, l’unique poste de radio du village était le seul moyen pour savoir ce qu’il se passait dans le monde ?

J’ai longtemps détesté le souvenir que j’avais gardé de ce livre. Aujourd’hui, bien sûr, mon avis est plus nuancé. Je ne pense pas qu’il s’agisse d’un grand livre, loin de là, mais la relecture a été plus plaisante que ce à quoi je m’attendais. J’ai aimé la manière efficace dont les deux personnages principaux sont construits, notamment Isaïe, j’ai aimé certains passages dans la montagne (la descente plus que la montée, d’ailleurs), j’ai aimé la folie qui glace de l’intérieur, j’ai aimé la fin qui donne un peu le tournis et attriste profondément. Aujourd’hui, j’en comprends la construction, je comprends comment le travail sur les personnages mène au drame final. En plus, grâce à Wikipédia, j’ai appris plein de petites choses au passage. À l’époque, je ne sais vraiment pas ce que j’aurais pu en retirer. À cet âge, je lisais massivement Agatha Christie. L’année suivante, je dévorais Dracula et Boris Vian. Mes centres d’intérêt étaient bien loin des moutons et de la vie à la montagne au milieu du XXe siècle.

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