Frappe-toi le cœur d’Amélie Nothomb

Quatrième de couverture : « Frappe-toi le cœur, c’est là qu’est le génie. »
Alfred de Musset

Avis : Avec une quatrième comme celle-là, il faut vraiment que le lecteur ait la foi pour sauter le pas de l’achat. En creusant, le résumé devient : Marie a tous les dons de la terre, mais est atteinte d’une malédiction : elle est jalouse. Heureusement que la tournée des popotes de la rentrée littéraire permettait d’en apprendre un peu plus.

La jeune et belle Marie attire tous les regards depuis toujours et rêve d’une vie de princesse, malheureusement elle tombe enceinte par accident et cet enfant va lui ravir l’attention de tout le monde. Elle va mal le vivre et c’est là qu’entre en jeu la jalousie et que l’enfant devient un poids. Mais Marie n’est en fait pas vraiment le centre de l’histoire, c’est sa fille Diane, celle qui est jalousée. Amélie Nothomb va adopter son point de vue depuis la plus petite enfance jusqu’à l’âge adulte pour montrer l’impact qu’une telle jalousie peut avoir. Elle triche, mais admettons. La trajectoire de Diane sert surtout à croiser des mères et des enfants. C’est là tout le propos de ce livre. En remettant en question l’injonction à être mère et surtout une bonne mère, l’auteur gratte le vernis et expose des femmes qui, pour diverses raisons, n’auraient pas dû être mères et sont, par la force des choses et malgré les apparences, devenues de mauvaises mères. Celle qui a eu un enfant trop tôt qui lui gâche la vie, celle pour qui c’était un accident, celle qui fait un enfant parce que toute femme se doit d’avoir un enfant mais qui n’a pas de place dans sa vie pour lui et n’en fera pas, celle qui surprotège jusqu’à l’étouffement, celle qui devient une mère de substitution abusive pour voler la lumière d’une enfant en déficit d’amour maternel. En face, des jeunesses et des vies malmenées, des enfants qui s’en sortent tant bien que mal et d’autres qui tuent la mère à leur manière pour se donner une deuxième chance. Quant aux pères, ils sont aveugles ou absents ; ils n’ont pas leur place dans ces histoires de maternité contrariées et contrariantes.

Cette fois, pas de noms ou de mots tarabiscotés comme Amélie Nothomb les aime tant, à peine un jeu de mots à un moment, le style est plus froid et précis, à l’image de son héroïne. Le récit n’en reste pas moins fascinant pour sa justesse et son propos. Il s’inscrit dans la directe lignée des brillants portraits de mères de Leïla Slimani.

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