The OA : un avis qui spoile un max

Résumé : Prairie Johnson, une jeune fille aveugle adoptée, réapparaît brusquement sept ans après avoir été enlevée. Elle s’identifie désormais comme étant « The OA ». La disparition de sa cécité ainsi que la nature de sa disparition provoquent bien des questionnements chez les autres, mais celle qui était connue sous le nom de Prairie ne semble pas prête à partager ce qu’a été sa vie pendant les sept dernières années…

Avis qui spoile tout du long et sans pitié :
Netflix aime prendre par surprise. La chaine nous avait déjà fait le coup l’été dernier avec Stranger Things, la série que personne n’avait vu venir. Et qui, il faut l’avouer, était une sacrée réussite. The OA a tenté de reproduire l’exploit, mais, à mon avis, a raté son effet, même si la série soulève quelques questions intéressantes.

Commençons par le positif. Déjà, l’idée de mettre un générique de début au bout de 45 minutes d’épisode, dans la directe lignée d’un Stranger Things qui doit plus être vu comme un long film coupé en huit que comme une série. Ici, le parti pris est totalement assumé et encore plus poussé : il y a une introduction, un générique et le « film ». Dommage que ça marche quand même beaucoup moins bien, notamment en terme de binge watching.

Toute l’intrigue repose donc sur le mystère qui entoure le personnage de Prairie, joué par Brit Marling, également cocréatrice de la série. Autant dire que le choix de l’actrice était très important. Brit Marling est une jolie blonde qui respire la fraicheur, joue très bien la détermination, la fragilité et le retour difficile à la vie de tous les jours après une expérience traumatique, mais, malgré tout, elle a eu du mal à m’embarquer totalement dans son histoire. Je suis restée dans l’attente d’une révélation époustouflante dont elle serait la clé et qui n’est jamais venue, et c’est là que le bât blesse le plus. Tout ça pour ça.

La réception positive ou négative de la série repose entièrement sur la bonne volonté (consciente ou pas) du spectateur à vouloir croire en ce qui est raconté. Soit on marche, on accepte le côté fantastique, on se prend à rêver et on attend une saison 2. Soit on se montre très cartésien, on comprend ce qu’est sans doute la réalité derrière toute l’histoire, on rejette le fantastique et la saison 1 se suffit à elle-même… voire a été un peu pénible à suivre par moments. Je fais partie du deuxième groupe. Ma lecture est simple : la jeune Prairie a été enlevée pendant son séjour à New York, séquestrée et violentée durant des années. C’est ce qui est dit par une jeune fille à la fin quand elle vient se prendre en photo avec Prairie, laquelle la regarde avec de grands yeux ronds comme s’il y avait erreur sur la personne et qui dénote bien au passage d’une forme de dissociation entre sa réalité et celle des autres. Durant sa captivité, des mécanismes de survie semblent s’être mis en place pour préserver une forme d’intégrité de la personne et une volonté de vivre ; la jeune femme s’est inventé des amis imaginaires pour combler la solitude et son esprit s’est mis à divaguer pour trouver une porte de sortie là où il n’y en avait pas. L’illusion de pouvoir en créer une magiquement suffisait à lui donner espoir. Illusion qui est devenue si réelle pour elle qu’elle a entièrement basculé dans son monde intérieur et qu’elle a continué à l’entretenir après sa libération, quitte à se documenter discrètement. Elle a même cherché, par la suite, à convertir d’autres personnes fragiles et donc plus susceptibles de la croire, se faisant passer pour une sorte d’ange porteur d’un message à la croisée de la science et du mystique. On assiste aux balbutiements d’une secte avec une illuminée à sa tête et des gens prêts à la croire. La scientologie est bien né de l’esprit d’un auteur de S.F. après tout. Vous avez en tout cas dû remarquer le parallèle avec le concept même de la série : ceux qui croient et les autres ? Le point positif, c’est que la série divise et alimente les théories en tout genre.

J’ai quelques autres arguments allant dans mon sens bien sûr :
OA dérive de AWAY, comme c’est expliqué clairement à un moment. Prairie est The OA, elle est sa propre porte de sortie, sauf que, comme dit plus haut, il n’y en a pas vers l’extérieur, la porte ne peut donc être que dans sa tête.
Vous les avez trouvés si doués que ça, nos chanteurs/musiciens censés être « bénis des Dieux » ? Honnêtement ? C’est sans doute ce qui m’a rendu assez rapidement sceptique et m’a fait décrocher. L’histoire de la chorégraphie a fini le travail.
Le seul et unique élément vérifié par les « adeptes » est une vidéo d’elle filmée de dos dans le métro. Ils ne trouvent strictement rien d’autre. Ce qui ne les empêche pourtant pas de valider toute l’histoire de Praire juste sur cette base. C’est l’équivalent de croire tout ce que raconte les sites Santé Nutrition et assimilés juste parce qu’ils sont capables de citer le nom d’un docteur ou d’une université.
Ce qui tend à prouver également que Praire invente tout, c’est qu’à travers son récit, on voit ce qu’elle ne pouvait pas voir. Tout particulièrement, ce qui se passait dans des pièces où elle n’était pas.
Quant à la cécité, elle est apparue suite à un traumatisme physique et psychologique dans l’enfance. Si certains perdent la capacité de parler ou une partie de leur mémoire suite à un choc post-traumatique, rien n’empêche que le phénomène inverse se produise, à tout hasard, suite à un viol. Après tout, Khatun, l’inspiration mystique intérieure de Prairie, lui dit bien qu’elle a toujours pu voir.

Rappelons aussi qu’à un moment, quelqu’un suggère que les prémonitions ne sont souvent rien d’autre que l’accumulation de petits signes que l’esprit enregistre inconsciemment et qui finissent par prendre forme dans les rêves ou dans ce que l’on appelle le sixième sens. Il n’y a donc rien de magique à son intuition que quelque chose de terrible allait se produire au lycée à la fin. Elle a fréquenté les élèves, l’établissement, brièvement un lieu de trafic… C’est un peu comme cette vidéo virale, il serait sans doute intéressant de revoir la série en cherchant les indices cachés en pleine vue, mais je vais laisser d’autres s’en charger.
D’ailleurs, au sujet de cette scène, il est évident que la chorégraphie (j’ai envie de dire incongrue dans ce contexte, plutôt que tarte ; il s’agit du chorégraphe de Sia et de l’extraordinaire pub Kenzo après tout) ne fait rien d’autre qu’étonner le tireur. Ils ont juste eu la chance qu’il n’ait pas la gâchette trop facile.

La découverte des livres cachés sous le lit de Prairie enfonce définitivement le clou. Les sceptiques voient leurs pressentiments au sujet de supercherie validés une bonne fois pour toutes. Et, à partir de ce point, si les gens continuent à croire, c’est qu’ils choisissent d’ignorer consciemment un élément qui ne va pas dans leur sens. N’est-ce pas le fondement même des religions après tout ? Ignorer le travail des historiens et les incohérences pour continuer à croire ?

« Plus une culture subit de plaies, plus elle s’invente des totems« . Plus les gens sont en détresse, plus ils sont prêts à croire n’importe quoi et n’importe qui qui pourraient les soulager de leur malheur… ou leur en donner l’illusion. Une phrase un peu trop d’actualité, malheureusement.

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