Nexus de Ramez Naam

nexuPrésentation de l’éditeur : 2040. Le monde est plus que jamais en proie aux dérives technologiques. Les agences gouvernementales sont déterminées à éradiquer toutes les recherches scientifiques pouvant constituer un danger pour l’humanité. Parmi ces menaces : NEXUS, une nano-drogue qui permet à ses consommateurs de connecter leurs cerveaux.

Kade, un jeune et brillant biologiste, considère cette drogue comme un immense progrès pour la société, offrant des possibilités de communication illimitées. À l’aide d’une poignée d’amis, et malgré l’illégalité d’une telle entreprise, il parvient à l’améliorer. Mais ses recherches attisent bientôt les convoitises…

Des couloirs universitaires aux coulisses du pouvoir ; du siège d’une agence d’élite de Washington à un laboratoire secret de Shanghai ; des fêtes clandestines de San Francisco aux marchés illicites de biotechnologie de Bangkok, en passant par un monastère bouddhiste, Nexus met en scène avec brio notre univers au bord de l’implosion.

Avis
Techno-thriller futuriste et bioéthique bien vu et efficace.

En l’entraînant à peine plus de 25 ans dans le futur, Ramez Naam offre au lecteur une vision très familière d’un monde pourtant à l’orée d’un changement fondamental pour l’humanité. Les nanotechnologies ont permis nombre d’avancées, autant dans le domaine militaire que médical, mais la plus grosse reste encore à venir. NEXUS, une véritable porte ouverte dans le cerveau permettrait de le booster avec quelques lignes de code bien pensées et de rentrer en communion spirituelle avec autrui. Encore mal maîtrisée, cette technologie va se retrouver naturellement au cœur des débats bioéthiques et surtout engendrer une guerre cachée entre les nations désireuses de se l’approprier et de la contrôler.

Les boucles de communion avaient révolutionné la spiritualité.

Là où d’autres auteurs, se projetant encore plus loin dans le futur, ont déjà pleinement intégré le posthumanisme, ici, il s’agit encore d’un point de bascule. Bonne ou mauvaise chose ? Faut-il être paranoïaque jusqu’à l’extrême en imaginant le pire ou embrasser cette nouvelle évolution qui pourrait donner naissance à la connaissance à la portée de tous, la conscience collective et l’harmonie ? Tout l’enjeu de Nexus est là. Des questions éthiques d’actualité sont posées tout du long, invitant à une vraie réflexion : à trop vouloir changer l’homme pour le débarrasser de ses maladies, l’optimiser pour le garder en meilleure santé plus longtemps et lui offrir des capacités cognitives sans cesse améliorées, n’y a-t-il pas un risque de le voir justement perdre son humanité ? C’est tout le débat qui a d’ores et déjà lieu autour du courant de pensée transhumaniste. Ray Kurzweil a d’ailleurs montré son intérêt pour cette série, ce qui n’est pas vraiment étonnant.

L’ouvrage n’est cependant pas qu’une grande réflexion sur l’homme de demain, c’est aussi un très bon roman d’action, rythmé, parfois explosif et sanglant, qui atteint pleinement son objectif de divertissement. Sans surprise, Paramount Pictures a déjà acheté les droits d’adaptation du livre pour une éventuelle transposition sur grand écran.

En misant sur une écriture simple, même si quelques explications plus techniques resteront sans doute un peu obscures pour certains, Ramez Naam propose ici un thriller efficace et intelligent à la portée de tous. Il serait vraiment dommage de passer à côté du premier tome de cette trilogie futuriste qui se conclura en 2015 aux USA.


Ananda sourit.
– Bien, bien. Pour le bouddhisme comme pour la science, par exemple, le but est d’émanciper les gens. D’apprendre des choses importantes, des choses de valeur, et de les faire connaître, afin que le plus grand nombre possible d’hommes et de femmes puissent en bénéficier, en tirer parti pour améliorer leur sort.
Kade repensa à Shu. « Ce serait comme donner des armes à feu à des enfants, avait-elle dit. Il y aura un vide à combler… Vous ferez toujours partie de l’élite. »
– Et si les gens n’étaient pas prêts ? demanda-t-il. Et si cette connaissance risquait de leur apporter la souffrance ? Ou les amenait à faire souffrir les autres ? Et s’ils n’étaient pas assez sages pour la recevoir ?
Ananda leva un sourcil.
– Êtes-vous plus sage que le reste de l’humanité ? Possédez-vous la sagesse suprême ? Est-ce à vous d’en décider ?
Kade haussa les épaules.
– Non. Et je suis d’accord pour dire que la science doit servir le bien commun, à l’émancipation du plus grand nombre. Mais… Peut-être puis-je percevoir des défauts invisibles à la majorité des gens. Peut-être ai-je réfléchi en profondeur à des conséquences que tous ne perçoivent pas. Peut-être que je sais que quelques-uns sont prêts à abuser de cette connaissance, même si les autres en feraient un bon usage.
– C’est leur karma, jeune homme, pas le vôtre, répliqua Ananda. Chacun de nous doit suivre son propre chemin éthique. Et ensemble, les hommes et les femmes dotés d’un sens de l’éthique peuvent limiter les dégâts causés par ceux qui en sont dépourvus. Mais quant à vous… si vous refusez aux autres des connaissances vitales, alors vous les privez de leur liberté, de leur potentiel. Si vous gardez ces connaissances pour vous, alors ce n’est pas eux qui sont en faute, c’est vous.
Kade rumina ces paroles.
– Je crois que je suis d’accord avec vous. En grande partie.
Un scientifique est responsable des conséquences de ses recherches, songea Kade. Négatives et positives. A quoi servent mes recherches si le monde ne profite pas de leur conséquences positives ?
Mais puis-je arriver à mon but sans faire le mal ? Sans créer un outil de mort et d’asservissement ?
 » (p. 304-305)

Le président a fait de l’élimination des menaces post-humaines et transhumaines l’une de ses politiques prioritaires en matière de sécurité nationale. (p. 416)

Les lois qui limitent les capacités de l’être humain n’ont pour but que de le contrôler. Elles sont nées de la peur : la peur de l’avenir, la peur du changement, la peur de ceux qui sont différents de nous, qui risquent de devenir quelque chose de nouveau. Le résultat de ces peurs, c’est l’érosion de nos libertés, de notre droit à décider de notre avenir, à écrire notre propre destinée, à faire ce qu’il y a de mieux pour nos enfants. (p. 480)

Avis initialement publié sur Onirik.

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