Perfect Blue : La Métamorphose d’une idole de Yoshikazu Takeuchi

Quatrième de couverture : Le roman vénéneux qui a inspiré le film d’animation culte de Satoshi Kon.
Quand une idole japonaise est rattrapée par la folie de son plus grand fan.

Mima est en danger. Sa carrière d’idole, en pleine inertie, est menacée par une concurrence de plus en plus rude, tandis que les avertissements d’un admirateur fanatique se font chaque jour plus insistants. « Mima, je t’en supplie, ne change pas… » Pourtant, pour survivre dans une industrie en pleine mutation, la jeune femme songe sérieusement à enterrer son image de petite fille modèle pour embrasser pleinement son côté glamour.

Dans l’ombre, couteau en main, l’homme observe l’idole. Il en est désormais persuadé : il est le seul à pouvoir empêcher Mima de changer. Prise au piège d’un plan macabre, l’idole tourmentée devra alors tout faire pour sauver sa peau. Mais la métamorphose de Mima est imminente…

 

Avis : J’ai beau avoir vu Perfect Blue de Satoshi Kon un paquet de fois (film culte, top 10, Dieu, tout ça), je ne m’étais jamais intéressée à la source de son inspiration. Pour être honnête, je ne savais même pas qu’il y avait eu un livre avant le film. C’est le hasard qui m’a appris il y a quelques mois que l’ouvrage en question était disponible en France chez Ynnis Éditions (au même titre que Paprika de Yasutaka Tsutsui). Aussitôt su, aussitôt acheté et presque aussitôt lu.

Chose curieuse qui attrape l’œil tout de suite. Le livre est interdit aux moins de 18 ans (logo à l’appui en quatrième de couverture). Puis vient un préambule de l’éditeur pour indiquer que le premier chapitre aurait pu être censuré, mais qu’il a été décidé de l’inclure malgré sa dureté (tout en divulgachant au passage le contenu dudit chapitre). Il est précisé qu’il peut être sauté sans pénaliser la compréhension du reste de l’histoire. Étonnamment, ce n’est pas la scène qui m’a fait le plus plisser les yeux dans le livre, mais il y a des sujets qui sont plus touchy que d’autres. Admettons. Je l’ai déjà dit ailleurs sur ce blog, mais j’aurais détesté en savoir trop sur les deux BD autobiographiques d’Ulli Lust.

Bien sûr, je n’ai pas pu avoir une lecture du livre totalement détachée du film. J’ai fait la chasse aux points communs tout en notant comment Satoshi Kon avait su se réapproprier le sujet en faisant glisser la trajectoire de Mima sur un terrain qui lui était plus familier et qui est plus propice à l’illusion : le cinéma. Dans le livre, il n’en est jamais question. Mima est une idole qui vieillit, qui devient adulte et qui, à l’image d’une Britney Spears au début des années 2000, doit assurer la transition entre les deux sans perdre son public au passage. Tout le monde (ou presque) se souvient encore de I’m a Slave 4U et du scandale que le clip avait provoqué. Trop mature, trop sexuel. C’est exactement le tournant que prend la carrière de Mima dans le livre pour tenter de la faire perdurer dans les charts.

Satoshi Kon a manifestement effectué un gros travail de désossage du livre pour en faire un film ; on en retrouve des bouts çà et là, dans une scène, dans un costume, dans certains personnages, mais dans l’ensemble, les deux n’ont plus grand-chose à voir. Là où le réalisateur jouait avec la possible folie du personnage et sa déréalisation pour flouer le spectateur, rien de tel ici. L’histoire est plus simple et beaucoup plus orientée vers le gore (c’est là que je plisse les yeux tout en me pinçant le nez à cause de l’odeur). La folie n’est que dans la tête du fan qui ne supporte pas que son idole grandisse. Comme le dit l’auteur dans la postface, il voulait expérimenter avec l’idée d’un fan que rien n’arrêterait. Pour le coup, c’est très réussi. C’est même étonnant qu’il n’existe pas un second film, un slasher cette fois, plus fidèle au livre.

Je ne regrette pas une minute d’avoir lu l’œuvre à l’origine du chef-d’œuvre. Ma crainte était de me rendre compte que, peut-être, Satoshi Kon n’était pas le génie que je vénère, mais tout va bien. Film et livre ont leur vie propre. L’un est plus profonde, plus troublante ; l’autre est un thriller gore qui joue avec d’autres codes. Les deux laissent en mémoire un certain nombre d’images marquantes dont la teneur est bien différente. À lire et à voir, si ce n’est pas déjà fait.

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