Avis : Earth Girl Arjuna
Initialement publiée sur Cinemasie le 23 juin 2002 avec la note écologique de 4,5/5 et un petit cœur.
Une série qui fait réfléchir sur le comportement de l’homme vis-à-vis de la nature
Mononoke Hime avait pour thème la relation de l’homme avec la nature et comment l’homme devait apprendre à vivre avec elle et non contre elle. Dans Earth Girl Arjuna, on n’est plus à l’époque Muromachi mais bien au 20ème siècle. Et l’homme a continué à détruire la nature pour y mettre ses villes et ses industries. C’est notre vie de tous les jours qui est décrite. Une ville parmi tant d’autres avec ses fast-foods, ses écoles, son port, ses usines, ses centres de recherches… Sa vie qui fourmille.
Juna, par le biais de sa mission va servir de révélateur pour montrer à quel point un style de vie qui nous paraît familier est une véritable bombe à retardement pour la Terre. Chaque épisode est un exemple de plus des dysfonctionnements de notre monde. Pêle-Mêle les décharges sauvages, la pollution de l’eau, les pesticides, les engrais, les OGM, les bricolages génétiques, l’énergie nucléaire et un thème qui se détache des autres mais qui, néanmoins, a son importance : l’incapacité des gens à s’écouter les uns les autres.
Chaque nouveau sujet force le spectateur à réfléchir et, peut-être, à remettre en cause certaines de ses habitudes ou sa vision idéalisée des choses. L’Homme achète de l’électroménager mais de nos jours la durée de vie d’une machine à laver n’est plus celle d’il y a 20 ans. Aujourd’hui nous sommes dans une logique de consommation à outrance. Et que faisons-nous de ce qui ne marche plus ? Est-ce que c’est recyclé pièce par pièce ? Tout comme les ordinateurs qui contiennent une quantité non négligeable de produits toxiques et dangereux. C’est pourtant bien plus simple de tout jeter à la poubelle. C’est le thème du 3ème épisode où une décharge sauvage de matériels électriques pollue l’eau de la montagne avec des liquides hautement nocifs.
Toujours dans sa logique de productivité, l’Homme perturbe le cycle normal de la nature en voulant jouer à Dieu. Modifier l’ADN des plantes pour créer des hybrides ultra résistants et ultra beaux fera que dans quelques années on ne saura peut-être plus ce qu’on mange. Tokio en fait l’expérience dans le 5ème épisode où visiblement il fait une réaction violente après l’ingestion d’un organisme génétiquement modifié.
Ce sont deux thèmes abordés par la série parmi d’autres plus ou moins explicites (il faut savoir lire entre les lignes car rien n’est clairement dit) et la question qui se pose à chaque fois est : Mais pourquoi ne faisons-nous rien pour changer les choses ? Parce que c’est plus facile. Est-ce que nous avons vraiment besoin de tout ce qui nous entoure ? N’y a t’il rien dont on pourrait se passer ? Il y a d’ailleurs tout un épisode consacré à la facilité d’accepter les faits tels qu’ils sont.
Toujours au niveau de la thématique, on peut qualifier Earth Girl Arjuna de clairement écologique mais il faut aussi aborder la série sous l’angle du Shintoïsme. En effet, beaucoup de symboles sont là pour nous rappeler que cette série s’adresse aux Japonais. Personnellement, je ne connais pas grand chose à cette religion mais après quelques recherches, la série prend un nouvel aspect. En effet, Juna revient à la vie et on lui demande d’aller se purifier dans la montagne. Or, la mort est connue pour être impure et la montagne est un lieu sacré symbole de pureté. Le but est donc que Juna y purifie son âme et parte à la recherche de la simplicité dans la vie et de l’harmonie avec la nature. Autre thème tout à fait dans l’esprit du shintoïsme : le culte de la nature. Ce qui est abordé dans l’épisode suivant le passage dans la montagne. Juna et Tokio passent quelques jours avec un vieil agriculteur qui a choisit de fuir la civilisation pour vivre en ermite et en communion avec la nature. Il n’intervient aucunement dans le cycle de la vie et profite des fruits qu’elle lui donne. Cela constitue un des plus beaux passages de la série. Un moment où on voudrait bien vivre en ce lieu en toute simplicité et effectuer un retour vers la nature.
Juna est la jeune fille qui a la capacité d’agir. Elle est capable de ressentir et de voir des choses que les autres ne perçoivent pas. Elle semble très encline à communiquer avec la Terre malgré le fait qu’elle fasse encore des erreurs de jugement. Elle est d’ailleurs plusieurs fois qualifiée d’avatar de la Terre. C’est son voyage initiatique que l’on suit. Tokio est toujours à ses côtés pour la soutenir même ça n’est pas toujours facile pour lui. Il est l’élément qui la fait progresser mais aussi se tromper parfois. Cependant Juna doit faire seule l’apprentissage que toute chose est liée aux autres dans la nature. Et que même ce qui semble être mauvais (représenté par les Raaja) n’est pas forcement une chose à détruire mais plutôt à purifier. C’est ce que le personnage énigmatique de Chris essaye de lui faire comprendre par elle-même. Il est d’ailleurs difficile de comprendre ce qu’est un Raaja et j’avoue que j’ai encore du mal à le définir même si je pressens bien ce que ça représente dans le contexte de la série. L’aboutissement de cette quête se situe dans le dernier épisode. Même si je n’ai pas tout compris, la réalisation de l’épisode en fait un des plus fort émotionnellement et les scénaristes n’ont reculé devant rien pour montrer que la pire des catastrophes n’est pas impossible.
Au final, Earth Girl Arjuna est une série à la fois très dure et très critique sur ce que l’Homme fait à la Terre. Toutes ces horreurs qui font que si on y réfléchit trop, on ne dort plus la nuit tellement on se sent impuissant. Mais on y retrouve aussi des moments de toute beauté et/ou très poétiques soulignés par un très beau dessin et ça donne envie de se battre contre ceux qui décident et ceux qui ne jurent que par la productivité. J’ai encore des frissons en écoutant la BO qui accompagnent magnifiquement ces moments. C’est un sublime hymne à la nature qui ne peut et ne doit pas laisser indifférent le spectateur.
Préambule
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un certain nombre de posts sont actuellement hors ligne. Ce blog a plus de 20 ans maintenant et, au fil du temps, des liens se sont cassés, des images hébergées ailleurs ont disparu, le grand Internet a bougé, ma vie aussi, et en plus, je suis devenue correctrice entretemps. C'est dire si, aujourd'hui, ce blog a besoin d'un grand nettoyage de printemps.
Même si je ne poste plus autant qu'avant, c'est un lieu précieux pour moi.
En septembre 2024, j'ai refait la déco. Viendra ensuite la mise à jour du contenu. Un travail long et fastidieux puisque j'ai accumulé près de 2800 posts. Je donnerai la priorité aux avis, puis le reste suivra petit à petit.
Bonne visite !
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