Avis : Le Voyage d’hiver d’Amélie Nothomb

Spoiler Alert : je donne mon interprétation de la fin.
4ème de couverture : « Il n’y a pas d’échec amoureux. »

Zoïle est tombé amoureux de la douce Astrolabe, mais la jeune femme consacre tout son temps à Aliénor, une romancière géniale quoique légèrement attardée. Par dépit, il décide de détourner un avion et de l’envoyer percuter la tour Eiffel. À moins que…

Avis : Tout commençait pourtant sur une belle promesse. Un homme couche ses dernières pensées avant de détourner un avion pour mieux le faire s’écraser sur La Tour Eiffel (la quatrième de couverture gâche tout effet de surprise sur ce point). Qui ? Pourquoi ? Comment ? Telles sont les questions qui trouveront une réponse dans les quelques 117 pages que compte le livre (oui, il s’agit encore d’un opus anorexique). L’accroche est réussie, la voix de Zoïle intrigue, et le tout est parsemé de ces petites phrases porteuses de vérité qu’on aimerait avoir su formuler soi-même tant elles sonnent justes. Tout va donc pour le mieux pendant les deux premiers tiers de l’ouvrage. L’homme fait de grandes considérations sur le monde et aime à dire qu’il a toujours réussi à échapper au moule qui s’impose à tout un chacun par la force des choses, et surtout celle de la société. Vraiment, ce garçon inspire une certaine sympathie malgré son côté hautain. Sa rencontre avec l’écrivaine, et surtout son assistante dont il va tomber amoureux, est tout aussi atypique que lui. Nothomb s’attarde en passant et avec beaucoup de justesse sur la relation particulière qui se développe parfois entre un lecteur et un auteur ; même si, dans le cas présent, tout se fait en décalage puisque Zoïle commence par faire fausse route quant à la fonction véritable des deux colocataires. Reste que tout ceci est fort plaisant à découvrir et le chaînon manquant entre cette histoire d’amour difficile et l’attentat demeure un mystère suffisamment longtemps pour maintenir le suspense.

Puis arrive le passage relatant ce malheureux trip sous champignons hallucinogènes qui vient tout gâcher. Au lieu de se débloquer, la situation s’enlise et l’inspiration semble se tarir d’un coup. Il en va de même pour l’intérêt que pouvait susciter ce geste aussi romantique que tragique du héros. De là, cette idée d’attentat en devenir prend soudain la forme d’un divorce décidé unilatéralement. Il en sera ainsi, quoiqu’en dise la douce Astrolabe. Et que dire de ce « A moins que… » qui conclut le résumé ? Il vient peut-être sortir le lecteur de sa perplexité face à la fin abrupte du livre. En effet, alors que Zoïle dit et redit qu’il écrit pour lui et que tout sera réduit en cendres dans le crash, la seule « existence » du livre tend à prouver qu’il y a eu un « A moins que… » auquel personne n’est invité à assister. Comme pour sa traduction maison de l’Iliade et l’odyssée entreprise et laissée en plan à l’âge de 15 ans, il n’y a qu’un pas à faire pour dire que Zoïle, c’est que de la gueule et que l’œuvre de sa vie restera une nouvelle fois inachevée. Tout comme l’est l’arrière-goût de ce cru 2009.

En complément, un vidéo où Amélie Nothomb est interrogée sur ses sources d’inspiration et certains détails du livre.

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