Avis : Dent pour dent (Maeve Regan 2) de Marika Gallman

Note : J’ai été relectrice sur ce tome et ai donc pu influencer légèrement le résultat final. A l’inverse, les multiples lectures dans le détail ont très certainement changé ma perception du fond et de la forme. L’objectivité de l’avis qui suit peut donc légitimement être questionnée même si j’ai essayé de faire comme d’habitude.

4ème de couverture : Avant, ma vie était facile. Mais ça, c’était avant.
J’ai fui tous ceux que j’aimais pour les protéger et, depuis, j’ai l’impression de tourner en rond. Pour retrouver une vie normale, il va falloir que je mette la main sur mon père et sur mon frère, ces vampires psychopathes qui cherchent à me faire la peau. Jusque-là, j’ai fait chou blanc, ce n’est pourtant pas faute d’avoir essayé.
Bien sûr, les pouvoirs exceptionnels que je possède devraient m’être utiles pour mener à bien ma mission. Il y a juste un tout petit problème : je ne sais toujours pas m’en servir. Heureusement, je vais trouver de l’aide là où je n’en attendais pas. Si seulement les emmerdes pouvaient se tenir à distance, cette fois…

Avis : Rage de dent, premier livre de Marika Gallman et de la série, avait pu laisser une impression mitigée. D’un côté, l’histoire semblait un peu trop convenue dans les grandes lignes mais, de l’autre, il y avait ce style travaillé et efficace qui le faisait sortir du lot. Le gros avantage de construire une série en un nombre bien défini de tomes c’est que ça permet à l’auteur de maîtriser son bébé de A à Z. Elle sait parfaitement où elle va et elle le confirme à nouveau avec Dent pour dent. Maintenant que les bases de son univers sont posées, les choses sérieuses peuvent commencer.

La fin du tome 1 laissait le lecteur dans l’expectative. Quand, où et dans quel état allait-t-il retrouver Maeve ? Force est de constater que les choses ne vont pas pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles pour elle. Seule, hantée, torturée par ses idées sombres, en quête d’un vampire insaisissable qui pourrait enfin la mener à son père et à son frère, elle est à la limite de perdre cette rage qui lui sert de moteur. La vie a commencé à façonner la jeune femme et à la rendre plus mature, même si la route est encore longue et que le plus dur des marteaux ne suffit pas à faire rentrer certaines choses dans son petit crâne. Ce qui n’a pas changé par contre, c’est le côté « bavarde dans sa tête » de Maeve. Ça papote dur là-dedans et parfois tellement que le monde autour d’elle semble être en pause. Heureusement qu’un des personnages fait judicieusement quelques réflexions à ce sujet, laissant supposer que l’auteur est parfaitement consciente des moments d’absence prolongée de son héroïne.

Le tome 2 permet d’introduire un certain nombre de nouveaux alliés et ennemis et de faire revenir des têtes connues dont les noms ne seront pas donnés pour faire semblant de ménager le suspense. Dans l’ensemble, ils apparaissent comme mieux définis et maîtrisés qu’un Lukas du tome 1 pour ne citer que lui. Preuve que l’auteur progresse aussi de son côté. Certains personnages gagneront d’emblée le premier prix de popularité, d’autres resteront suffisamment mystérieux pour soulever pas mal de questions dans l’esprit du lecteur et lancer des pistes de réflexion pour la suite. Non non, toujours pas de noms à donner. Nouveaux visages mais aussi nouveaux lieux comme ce très surprenant Paradis perdu qui vaut à lui seul le détour. Question découvertes, il y a de quoi faire et l’univers de Maeve s’enrichit agréablement avec ce tome tout en devenant progressivement bien plus sombre.

Du point de vue de l’écriture, l’auteur assume totalement sa geekitude et son attrait pour la pop culture ; ses références ne feront pas tilt chez tout le monde mais raviront sans aucun doute ceux partageant le même « savoir ». Elle poursuit également avec succès dans la voie de la formulation imagée et pleine de fraîcheur qui sait titiller les esprits. Rien de mieux pour briller en société que de ressortir cette magnifique couleur « plus turista que marron » qui ne manquera pas de faire son effet. Difficile aussi de rester de marbre devant l’humour ambiant dont un des meilleurs exemples reste la scène des acronymes qui fait la part belle au premier degré ras des pâquerettes aux dépens de l’héroïne.

S’il fallait faire un reproche minime, juste histoire d’en faire un, ce serait le suivant. Pour peu qu’on y prête attention, le ratio dialogues sur descriptions et monologues est par moment tellement faible qu’il arrive que le rythme de l’action s’en ressente un peu. Rien de bien grave puisque la lecture reste globalement très fluide. Ça passera sans doute même totalement inaperçu chez la plupart des lecteurs. Il y aurait bien aussi ces éternels combats de coqs dont les hommes ne sortent jamais grandis… mais passons.

Là où le premier opus donnait une impression d’énervement quasi-permanent, le tome 2 offre quelques scènes plus posées qui font un bien fou autant à Maeve qu’aux lecteurs. Dent pour dent réserve également son lot de scènes d’action et de retournements de situations dont l’auteur a déjà prouvé détenir le secret. On a beau savoir qu’il y a anguille sous roche, la surprise n’est pas toujours là où on l’attend. Mais parfois si. Mais parfois pas du tout. Un conseil : méfiez-vous de Marika Gallman, elle laisse beaucoup de petits cailloux derrière elle qui montrent le chemin mais aime les dissimuler sous de grosses touffes d’herbe pour que personne ne se rende compte de rien. Si vous n’êtes pas encore convaincus, relisez donc la scène finale absolument bluffante de Dent pour dent et essayez de faire le tri dans les informations fournies. Il est fort probable qu’une relecture de l’intégrale de la série sera nécessaire pour mieux se rendre compte du travail effectué lorsque l’ultime tome sera disponible. Et une chose est d’ores et déjà sûre : la fin n’arrivera jamais assez vite.

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