Avis : Nana de Ai Yazawa

Initialement publié sur Cinemasie le 6 avril 2003 avec la note de 4/5 et un petit cœur. Nombre de tomes lus à l’époque de la critique :3

Attention shôjo haut de gamme

Deux choses surprennent dès la lecture du 1er tome de Nana. D’un côté, le dessin très longiligne et sombre des personnages et de l’autre l’extrême maturité du récit sur lequel je m’attarderai.

Même s’il n’y aurait dû y avoir qu’un tome, les personnages sont tout de suite très attachants et ont des caractères très intelligemment pensés ce qui leur donne un très grand réalisme. La Nana-blonde vit plus ou moins dans son petit monde avec ses obsessions pour la mode, pour les choses futiles et pour la recherche de l’amour parfait que le Roi des démons ne cesse de perturber. Honnêtement, certains ont dû tout de suite penser à une amie qui ressemble à cette Nana là. Celle qui tombe tout le temps éperdument amoureuse du mec d’en face à la bibliothèque ou qui fantasme sur un homme beaucoup plus âgé qu’elle mais pour qui les histoires d’amour ne durent jamais longtemps et qui passent vite au suivant. Et Nana-blonde est comme ça : attachante, immature et naïve. Pourtant, on ne peut s’empêcher d’y rester très attaché tout comme ses amis qui l’entourent avec bienveillance, toujours là pour donner des conseils plus éclairés. Cependant on en vient vite à avoir peur qu’elle aille à l’encontre de grandes désillusions et on sait pertinemment qu’à un moment ou à un autre, on va verser une larme.

A l’opposé, il y a la Nana-brune, membre d’un groupe de musique tendance punk-rock, beaucoup plus sombre, mature, vraisemblablement blessée profondément, renfermée mais poursuivant aussi un rêve : celui de vivre de sa voix. A partir de là, il semble étonnant que deux filles aux caractères si opposés arrivent à donner naissance à une amitié si touchante et finalement si équilibrée. Nana-blonde apporte un brin de fraîcheur et d’innocence dans le monde de Nana-brune qui semble si noir.

Le sentiment de maturité qui transparaît dans Nana vient sans doute également des situations dans lesquelles sont placées les personnages. Les familles tout d’abord : Nana-blonde vit dans un environnement familial où elle sent que son départ pour la capitale sera plus un soulagement pour eux. La Nana-brune quant à elle n’a jamais connu son père et ne se souvient plus du visage de sa mère. Toutes deux sont donc forcées d’aller de l’avant et à 20 ans, ça n’est pas forcément évident. L’une a déjà vécu et est une habituée des petits boulots et l’autre doit tout découvrir des difficultés de la vie active après avoir abandonné l’idée d’aller à l’université pour rejoindre son copain. Ce sont deux jeunes femmes qui veulent aussi se prouver à elles-mêmes et aux autres qu’elles peuvent vivre sans l’aide de leur petit copain respectif, être indépendantes (ce qui est un sentiment partagé par beaucoup de femmes de nos jours.)

Il faut ajouter à ceci le fait que l’on ne reste pas en superficie de la relation garçons-filles comme dans beaucoup de mangas où tout est basé sur le « s’embrasseront / s’embrasseront pas ». Ici, on suit les jeunes couples dans l’intimité de la salle de bain et de la chambre à coucher. « Resteront / ne resteront pas ensemble » cernerait plus la problématique de ces jeunes gens.

En tout cas, tout cela fait que l’on attend la suite de cette fantastique histoire d’amitié entre 2 Nana avec impatience pour savoir si leurs rêves se réaliseront comme elles le souhaitent tant. Si vous n’avez pas déjà succombé, courez acheter Nana, ça n’est pas un shôjo comme les autres.

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