Mon diabète expliqué à mes amis 1/4

Je me suis rendu compte récemment que, même après plusieurs années, certains de mes amis étaient encore dans le flou rapport à ma maladie et n’osaient visiblement pas me poser de questions à ce sujet. (Fleurine, si tu me lis !) Je vais donc faire un petit point dessus, sachant que ça ne reflétera que mon expérience. S’il y a une chose à savoir sur le diabète, c’est qu’il peut y avoir de belles variations physiologiques d’une personne à une autre et qu’il vaut mieux éviter de généraliser. (Forum Doctissimo, si tu me lis !)
P.S. : Kame s’est permis d’intervenir discrètement dans ce post.

 

J’ai attendu 2005, c’est-à-dire mes 26 ans pour déclarer mon type 1 en grande pompe. J’avais d’ailleurs écrit quelques articles à l’époque sur l’art de vivre son diabète en Chine. En général, il apparaît chez l’enfant et l’adolescent, mais en fait, il n’y a pas d’âge pour commencer. Anne Rice a attendu d’avoir 57 ans. Bon, personnellement je trouve que le déclarer à 26 ans, c’est plus du bol qu’autre chose. Déjà parce que j’ai passé la crise d’adolescence qui est souvent une période catastrophique pour le jeune diabétique, et ensuite parce que ça m’avait laissé le temps d’obtenir un niveau licence de biologie cellulaire et physiologique option nutrition. C’est pompeux, mais sacrément utile quand un truc comme ça vous tombe dessus.

 

Type 1, type 2… et ta sœur ?
Un point rapide s’impose sur les différents types de diabètes. Dans les grandes lignes, il y en a trois : type 1, type 2 et gestationnel. Dans mon cas, il s’agit d’un diabète de type 1 dit insulinodépendant. En gros, je ne sécrète plus d’insuline. La cause est une réaction auto-immune (moi contre moi) au niveau de mes cellules pancréatiques. Ça n’est a priori pas héréditaire. Je suis d’ailleurs le seul cas dans l’ensemble de ma famille.
Le type 2, ou diabète non-insulinodépendant, est celui dont on parle le plus dans les médias sans forcément apporter de précision sur le type. Il peut avoir diverses origines, mais la plus connue est l’obésité liée à un facteur génétique héréditaire. Le corps devient résistant à l’insuline qui continue à être sécrétée en quantités de plus en plus importantes jusqu’à épuisement du pancréas. Par conséquent, vous pouvez aussi en déduire que le diabète de type 2 peut apparaître avec l’âge chez tout le monde, vieillissement du corps oblige.
Le gestationnel, comme son nom l’indique, touche les femmes durant leur grossesse et disparaît généralement de lui-même par la suite.
Pour les cas particuliers des diabètes « secondaires », je vous renvoie ici.

 

L’insuline, ça sert à quoi ?
Je vais tâcher de ne pas rentrer dans les détails parce que je vais vite vous perdre. Je vais aussi utiliser un raccourci assez fréquemment et dire sucre au lieu de glucose. Gardez juste à l’esprit que le glucose est la molécule la plus simple parmi les sucres (tous les trucs en -ose : fructose, lactose,… finissent par donner du glucose si on a la bonne enzyme). Le glucose est directement assimilable par l’organisme.
L’insuline est une hormone sécrétée par les cellules β des îlots de Langerhans du pancréas. Basiquement, elle sert à faire baisser la quantité de sucre dans le sang pour le maintenir à un taux relativement stable en le faisant entrer dans les cellules. Je vais vous épargner les mécanismes de la néoglycogenèse et de la glycogénolyse, mais il faut comprendre que le sucre n’est jamais stocké directement dans l’organisme. À partir de plusieurs molécules de glucose, on forme du glycogène qui peut au besoin être dégradé en glucose : c’est le cas dans le foie (le réservoir principal) et les muscles (pour une consommation locale). En dernier lieu, on le stocke dans le tissu adipeux sous forme d’acides gras. Et là vous comprenez pourquoi une alimentation trop riche en sucre fait grossir.
En tout cas, le sucre, c’est la vie, toutes les cellules du corps en ont besoin, notamment notre cerveau qui turbine essentiellement au sucre et à l’oxygène (le petit coup de barre à l’approche de l’heure du repas, c’est pour ça).

 

En gros, il se passe quoi quand il n’y a plus d’insuline ? Déjà, on est en hyperglycémie permanente car, faute d’insuline, le corps ne sait plus quoi faire du sucre dans le sang. Il faut trouver un autre moyen de l’éliminer, ce qui entraîne une diurèse abondante et par conséquent une grande consommation de liquides pour compenser (on parle de 2 à 4 L par jour là). C’est un des premiers symptômes révélateurs du diabète de type 1. Mais à côté de ça, le corps a toujours besoin d’énergie pour continuer à tourner, alors il se met à « brûler » tout ce qu’il peut : graisses, muscles, expliquant un amaigrissement parfois brutal et une perte de tonicité certaine. Inconvénient : il y a production en parallèle de substances nocives pour l’organisme (les corps cétoniques) : en trop grandes quantités, c’est l’acidocétose et arrivée à ce point, je peux vous dire que la machine est suffisamment déglinguée pour avoir droit à un petit séjour à l’hôpital. Dans le pire des cas, ça se finit en coma. Bien sûr, il y a moyen de s’en rendre compte avant d’en arriver là, mais parfois les circonstances climatiques comme des températures comprises entre 40 et 45° sont là pour détourner l’attention par rapport à la consommation excessive de liquides. Au rayon des particularités, le symptôme principal qui m’a finalement forcée à aller voir un médecin, et qui expliquait a priori l’amaigrissement, ça a été une fermeture quasi-totale de mon pylore (la jonction entre l’estomac et le duodénum). Forcément, jusqu’aux résultats de la prise de sang, les médecins n’avaient pas fait le rapprochement non plus.

 

Les chiffres
Il y a deux choses qu’on mesure beaucoup chez le diabétique : sa glycémie et son hémoglobine glyquée.

  • La glycémie, c’est tout simplement le taux de sucre dans le sang au temps t. Ça se mesure en déposant sur une languette/électrode une goutte de sang prise généralement au bout d’un doigt. Le glucomètre qui est à l’autre bout donne immédiatement ce taux. On peut aussi établir la glycémie lors d’une prise de sang et le résultat sera généralement légèrement différent de celui de la glycémie capillaire. Chez un humain normal, ce taux est compris entre 0,70 et 1,2 g/L (on peut trouver parfois des mesures en mmol/L qui est l’unité utilisée dans d’autres pays). Sans insuline pour réguler, ça peut monter très haut. Personnellement, je plafonne quoi qu’il arrive à 3,6 g/L, mais certains peuvent monter largement au-dessus de 5 g/L. Beaucoup de glucomètres se contentent de dire HI ou HIGH à ce niveau (Bastien, si tu me lis !). On dit qu’au-delà de 2 g/L on est en hyperglycémie. Dans l’autre sens, on parle d’hypoglycémie. Ça peut tomber très très bas (0,2 g/L) et mener à un coma.
  • L’hémoglobine glyquée (hbA1C) est mesurée tous les trois mois grâce à une prise de sang, dans le cadre d’un suivi correct par un médecin ou un diabétologue. Ça retranscrit l’évolution de la glycémie sur 2 ou 3 mois. Chez l’humain normal, on l’attend entre 4 et 6 % et de préférence en dessous de 7% pour le patient diabétique. En dessous de 7%, on estime qu’il n’y aura pas plus de complications à terme que chez quelqu’un de non-diabétique. On parle alors de diabète équilibré. En dehors du moment de la découverte du mien, je l’ai toujours été.

Prochain post : le matériel.

7 commentaires pour “Mon diabète expliqué à mes amis 1/4

  1. Whaou j’ai appris plein de choses ce soir ! Je suis ravie que tu fasse ce dossier car j’avoue que j’y connais rien (en dehors des basics et des idées reçues) !
    J’ai pas appris que des choses sur le diabète d’ailleurs 😉

  2. Moi je m’étais déjà permis de te poser des questions sur ton diabète car oui y’a beaucoup de on dit mais final, les non diabétiques n’y connaissent souvent rien.

    Par contre, grâce à ton post j’ai découvert les études que tu avais faites.

  3. Ha toi aussi Némé tu as découvert les études ! Ca me rassure, tu la connais depuis plus longtemps que moi et tu savais pas non plus ^^
    En tout cas David a trouvé ton article très intéressant !

  4. Alala, pas une pour rattraper l’autre. Mais la pire dans le lot c’est quand même Fleurine. Autant Némé avait effectivement posé des questions, autant j’ai découvert lors de la dernière rencontre au CNRS que Fleur’ était encore dans le flou. J’vous jure !

  5. Moi j’ai une excuse en or, je suis blonde… et j’avais été au plus logique : tu assures en informatique donc tu as fait des études en info.

    Ouais je sais c’est simpliste comme raisonnement.

  6. Que dire, sinon merci, de prendre le temps de vulgariser cette maladie. Notamment pour moi… J’avoue, j’étais complètement perdue et ce « 1/4 », vient de m’instruire à un tel point que tu n’as pas idée !
    Arf et comme mes deux autres amies, j’ai fait ma blonde avec cette équation :
    Tan = super méga fortiche en info = étude d’info !

Les commentaires sont fermés.

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