Avis : Alichino de Shurei Kouyu

Initialement publiée sur Cinemasie le 26 février 2002 avec la note fantomatique de 3.5/5.

AlichinoAlichino est encore un manga dont la réputation a précédé sa parution en France et en a fait un objet particulièrement attendu par certains. Pour autant, il serait dommage de suivre le mouvement d’achat sans y jeter un coup d’œil avant. Avec un rythme de parution d’un tome tous les 15 mois environ, le moins que l’on puisse dire c’est que Kouyu Shurei, dont le premier métier était illustratrice, prend son temps.

A la lecture, on en comprend très rapidement la raison. Le dessin vaut à lui seul le détour mais c’est aussi ce qui fera sans doute fuir pas mal de monde. En effet, il faut tout de même aimer un tant soit peu le style gothique romantique pour trouver un minimum d’intérêt dans la lecture de ce shôjo. Passée cette première étape, on peut alors se laisser absorber littéralement par les planches dont le niveau de détails est particulièrement impressionnant. Les jeunes femmes ressemblent généralement à de jolies poupées de porcelaine aux immenses yeux ronds, aux cils qu’aucun mascara existant n’arriverait à rendre aussi épais, aux magnifiques cheveux bouclés. Les hommes, quant à eux, sont très élancés, très efféminés avec des yeux en amande cachés derrière une frange, des chevelures longues et effilées. Même pour les vêtements ça froufroute, ça ondule, c’est garni de dentelles et les petits bustiers sont fleuris. Tout ça avec beaucoup de soin. Il n’y a pas une chemise à laquelle il manque le pli bien placé qui fait tout la différence. L’auteur a l’air de prendre beaucoup de plaisir à habiller et faire poser ses personnages. Les métamorphoses de Myobi de sa forme animale à sa forme humaine sont assez magiques d’ailleurs.

C’est aussi dans le détail que l’on arrive à différencier les personnages. Entre Myobi et la jeune fille sans nom du premier tome, j’avoue avoir eu quelques doutes par moment. Le cadrage serré sur les visages n’étant souvent pas une aide pour distinguer tous ces poseurs entre eux mais essentiel pour amplifier le côté cynique et cruel de certains personnages, Myobi et Tsugiri en tête.

Pour ceux qui adhéreront aux dessins, il leur faudra toutefois traverser la dure épreuve du scénario qui aime prendre son temps et là, ça se corse. Certes, l’histoire repose beaucoup sur l’ambiance. On ressent souvent cette impression d’oppression, de morbidité. Tout tourne autour de la mort et rarement autour de la vie. D’abord à cause de la destiné quasi inéluctable du personnage de Tsurigi. Ensuite avec les Alichinos, les voleurs d’âmes en peine, dont le nom vient tout droit de La Divine Comédie de Dante (Enfer, chants 21 et 22) et qui ne rêvent que d’une chose : s’emparer de l’âme d’un sceau pour devenir encore plus puissants. Ce qui signifie aussi pour eux, se frotter à la « mort » de près puisque seul le sceau peut les faire disparaître à jamais.

Dit comme ça, ça peut paraître pas mal d’un point de vue mythologique (et c’est vrai qu’il y a matière à faire quelque chose de bien) mais l’auteur a tendance à prendre beaucoup trop son temps pour développer chaque personnage, faire des flash-backs dans leur passé, s’attarder plus sur certains, voire même leur consacrer un volume complet. Ça crée sans doute une certaine impression de profondeur de l’histoire, il n’empêche qu’en 3 tomes, il ne s’est pas encore passé grand chose. Du mystère, des questions et surtout l’impression tenace que le filon a le potentiel pour durer très (trop) longtemps. D’ailleurs il serait grand temps que le tome 4 sorte, presque 1 an et demi de retard déjà et pour une histoire qui avance si lentement c’est beaucoup. On ne peut pas non plus passer son temps à s’extasier devant de magnifiques illustrations en attendant la suite.

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