Avis : The Ring de Hiroshi Takahashi et Misao Inagaki

Également publié sur Cinemasie le 30 janvier 2004 avec la note de 1.25/5.

Une rumeur circule dans les cours d’école : une vidéo maudite provoquerait la mort pile une semaine après qu’on l’ait regardée… Rumeur apparemment stupide mais non moins fondée puisqu’on lui impute déjà 4 morts. La tante d’une des victimes décide de mener l’enquête, enquête qui ira jusqu’aux confins du réel…

Des adaptations de Ring en manga, il en existe deux (sans prendre en compte les suites) : l’une illustrée par Kôjirô Nagai qui reste très collée au livre de Koji Suzuki et l’autre qui a choisi de jouer au pseudo anime-comics en reprenant quasiment scène pour scène le film. C’est cette deuxième version que l’éditeur Dark Horse a choisi de sortir en anglais.

Forcément ceux qui ont vu le film n’auront pas la moindre surprise quant au scénario. Restait à évaluer dans quelles mesures ce changement de support pouvait s’avérer intéressant. Et là, c’est le drame… Tout d’abord à cause du dessin qui donne l’impression que tous les personnages ont moins de 16 ans. Les plus de 50 ans ont même difficilement l’air d’avoir plus de 30 ans. Côté crédibilité, ça n’est pas terrible. Quant à l’expressivité des traits, c’est très limité voire raté. Rares sont les moments où Asakawa a une expression crédible sur le visage. Par moment, ça semble tellement « surjoué » que ça en devient ridicule même si ça tend à retranscrire la personnalité de son alter-ego telle qu’elle est dans le livre de Suzuki. Pourtant le dessin n’est pas moche en lui-même, les visages féminins sont même plutôt jolis. Il y a quelques problèmes de proportions et des yeux mal placés sur certaines planches mais c’est surtout le fait que ce type de dessins ne convient pas du tout à l’histoire qui est gênant. Ça lui donne un ton tellement gamin à première vue qu’on aurait presque envie de donner le livre à un enfant de 13 ans. Dommage que ça soit justement la recommandation d’âge minimum indiquée au dos de la jaquette. Misao Inagaki a l’air d’être pourtant spécialisée dans les mangas d’horreur mais sur un projet comme celui-ci où on lui impose la reproduction à l’identique des scènes du film, il est facilement concevable qu’elle n’ait pu glisser un soupçon d’âme dans ses personnages qui d’ailleurs ne lui appartiennent pas.

Niveau scénario et comme dit plus haut, ça colle au plus près au film. Par contre, les personnages ont une forte tendance à faire des monologues explicatifs qui ne sont pas toujours nécessaires, et là où le film laissait le spectateur imaginer ce que peut ressentir une jeune femme à une semaine de sa mort, le manga dit tout sur ses angoisses. Ça finit par ressembler à du blablatage un peu neuneu qui renforce l’idée que le public visé doit être assez jeune. Pour ce qu’il en est de l’angoisse, autant des mangas comme Sister ou Spirale sont de grandes réussites prouvant que l’on peut parfaitement insinuer l’horreur dans l’esprit du lecteur, autant dans cette adaptation de Ring, c’est le ratage complet. Ou alors il faudrait peut-être écouter la « musique » du film pendant la lecture pour que ça fasse de l’effet mais tout le mérite en reviendrait au son et pas à l’image. Au final, aucune ambiance propre au manga ne se crée. Aucun sentiment de soulagement ne se dégage du passage dans le puits à la fin.

C’est complètement creux hormis deux-trois scènes un peu plus dynamiques mais ça ne suffit pas à sauver ce malheureux produit marketing qui n’apporte vaguement que la satisfaction de savoir que peut-être quelques Américains le liront et auront ainsi un aperçu du Ringu original largement éclipsé outre-Atlantique par son remake. C’est déjà ça.

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