Love my Life d’Ebine Yamaji

Cet article est initialement paru dans Mangascope n°1 (décembre 2004). Difficile de remettre ça dans le contexte quand de nos jours on est envahi par les Yaoi et autres boys love. J’ai fait une overdose après la 30ème fiche manga rentrée dans la base CinemAsie et j’ai eu envie d’un peu d’amour entre filles)

Love My LifeIl y a quelques années, les amateurs de manga français avaient eu l’occasion de découvrir le genre yaoi notamment avec Zetsuai 1989 (Minami OZAKI) et plus récemment Fake (Sanami MATOH) et Ludwig II (Yuu HIGURI). Il paraissait assez logique de voir arriver un jour son équivalent féminin encore assez méconnu et communément appelé yuri. C’est maintenant chose faite grâce à l’éditeur Asuka qui ouvre le bal avec Love My Life d’Ebine YAMAJI. Par le biais d’Ichiko, qui endosse le rôle de narratrice, les différents protagonistes sont rapidement mis en place au cours d’un premier chapitre qui démarre sur les chapeaux de roue. Ainsi, en quelques pages, on apprend que la jeune héroïne ambitionne de devenir traductrice comme son père alors que sa petite-amie Eri suit la tradition familiale en étudiant le droit. Le jour où Ichiko présente Eri à son père, celui-ci lui avoue dans un retournement de situation assez cocasse que lui aussi est homosexuel et que son épouse, défunte, était lesbienne. Une révélation inattendue qui va forcer Ichiko à s’interroger sur elle-même et sur son couple.

Le lecteur est alors invité à pénétrer dans la vie sociale et intime d’un couple de jeunes femmes, à la frontière de l’âge adulte mais à la sexualité déjà bien assumée. Au fil des 12 tranches de vie qui constituent cet ouvrage, Ichiko présente sa relation amoureuse avec son amie mais aussi sa famille, ses amis et rencontres. Autant de situations où l’on découvre des personnages sensibles et naturels. On est loin des shôjo-aï comme Utena et Lady Oscar, où les relations entre femmes sont toujours ambiguës, s’abstenant de franchir certaines limites physiques. Ici le couple est tout ce qu’il y a de plus ordinaire et c’est bien là le point fort ce cette œuvre. Ichiko et Eri vont se retrouver confrontées aux situations que tout couple, homosexuel ou non, connaît ou connaîtra un jour : le doute, les tentations, les remords mais aussi la complicité et les moments d’intimité. Une approche simple mais réaliste et efficace pour montrer que finalement rien n’est bien différent. Un parallèle entre le contenu et le contenant s’établit d’ailleurs aisément. A la simplicité du trait, il est facile d’associer la simplicité des situations exposées qui ne manqueront pas de faire échos chez nombre de lecteurs. De même, les âmes sont mises à nu comme les corps à de nombreuses reprises. Mais, même si cette nudité est très présente, elle est toujours abordée avec beaucoup de délicatesse et de pudeur, sans jamais sombrer dans le voyeurisme.
La consistance d’un one-shot ne permet pas à l’auteur de s’appesantir sur les problèmes d’homophobie et d’incompréhension qu’elle se contente d’effleurer. De même les personnages bien que très touchants peuvent sembler manquer de complexité mais cela ne retire pas grand chose au plaisir que l’on éprouve à la lecture de ce titre. S’adressant à un public adulte mais finalement pas exclusivement féminin, l’histoire d’amour entre Ichiko et Eri se révèle être un appel à la tolérance et à la compréhension. Et qui mieux qu’une mangaka elle-même lesbienne pouvait décrire avec tant de justesse une vie somme toute si ordinaire mais dont certains aspects échappent complètement aux esprits les moins ouverts. A découvrir.

4 commentaires pour “Love my Life d’Ebine Yamaji

  1. Moi, ça m’intéresserait, tu l’as? Je sais, j’en ai déjà à te rendre que je n’ai même pas fini!

  2. Oui d’ailleurs je l’ai là sous la main à ma gauche sur le scanner. C’est toi qui a le « Lire aux cabinets ». Si non, tu te souviens où tu l’as laissé dans la maison après l’avoir sorti des cabinets justement ?

  3. lol c’est comme je suis là avec vous dans l’appartement !
    (si je peux vous demander, dans quelle ville est cet appartement ? où habitent bouilloire et tortue ?)

  4. Une maison plutôt. Le « où » est indiqué en haut à droite dans le à propos mais il faut connaître ses classiques de la chanson française bien sûr 😛

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