Nous parlons depuis les ténèbres de Collectif


Quatrième de couverture : « Nous avons en commun cette part d’ombre et de liberté, ce miroir que nous tendons à la cruauté du monde. Nous amenons avec nous les âmes tourmentées, les marginaux et les monstres. Nous montrons aujourd’hui que nous existons. Nous ne sommes pas seules. Nous parlons depuis les ténèbres, et nous ferons entendre nos voix. »
Estelle Faye, introduction

Avec des textes d’Aurélie Wellenstein, Morgane Caussarieu, Micky Papoz, Lizzie Felton, Louise Le Bars, Floriane Soulas, Barbara Cordier, Cécile Guillot, Morgane Stankiewiez, Estelle Faye, ce recueil composé de dix nouvelles inédites aborde plusieurs facettes du genre depuis le body horror jusqu’au gothique maritime, en passant par le fantastique amer et l’angoisse contemporaine, le gore ou encore la réécriture horrifique de contes.

La couverture est signé Anouck Faure.

 

Avis : Deux choses pour commencer : cette anthologie d’horreur, de gothique et de fantastique sombre a été particulièrement bien vendue par trois de ses autrices lors d’une table ronde passionnante au festival Ouest Hurlant, mais (car il y a un mais) peut-être un peu trop bien vendue, avec des promesses trop belles d’histoires qui glacent le sang. Sauf qu’en termes d’horreur, les sensibilités sont tellement éparses qu’il est très difficile de toucher tout le monde en même temps. Chacun a ses leviers qui le mettent mal à l’aise et qui le titillent un peu trop entre les omoplates. À titre personnel, j’ai abandonné Stephen King au lycée. Je ne regarde plus de films d’horreur, car je n’y prends plus aucun plaisir. (Alien ne compte pas, Alien n’est pas un film d’horreur, Alien est un chef-d’œuvre.) J’étais pourtant une amatrice de films japonais au début des années 2000 (Ring, Dark Water, Kaïro…) J’avais aussi la sensation de ne pas vraiment en lire alors qu’au contraire, je suis une très grande fan de Junji Ito, Shueiro Maruo et Edogawa Ranpo. Je suis donc encore pas mal imbibée par l’horreur, mais exclusivement japonaise.

Avec ce recueil, je suis revenue sur un terrain dont je m’étais éloignée avec le temps, et il ne m’y ramènera pas vraiment. J’ai même parfois été déçue par la volonté de ne pas sombrer dans la noirceur la plus absolue. Je me suis donc raccrochée à l’écriture, aux styles, aux bonnes idées. J’ai été particulièrement séduite par les histoires qui ont su me surprendre grâce au détail qui change tout. C’est d’ailleurs ce petit élément dérangeant qui a attiré mon attention dans les trois dernières nouvelles. Parce qu’à un moment, il se passe quelque chose qu’on n’a pas vu venir et ce petit truc-là suffit à mettre en pause. Comme chez Junji Ito finalement. Et sans surprise, comme chez Stephen king, l’horreur la plus désagréable de mon point de vue reste celle qui s’ancre dans la réalité et qui ne repose pas sur le fantastique, comme dans le recueil Différentes Saisons. Au final, les nouvelles qui auront le plus retenu mon attention sont celles de Cécile Guillot, de Morgane Stankiewiez et d’Estelle Faye avec une mention spéciale à celles d’Aurélie Wellenstein et de Floriane Soulas.

Les nouvelles font passer d’un monde médiéval à un vaisseau spatial à un cours de danse à une école à une plage. Il n’y a pas de fil conducteur particulier entre les nouvelles, il n’y a pas de gradation, mais c’est une invitation à voyager dans des univers très différents qui ont chacun leur ambiance. L’avantage d’une telle variété de textes, c’est de couvrir des sensibilités très variées, chaque lecteur devrait donc pouvoir y trouver un peu son compte. Pour moi, ça a surtout soulevé une question sur laquelle je ne m’étais jamais arrêtée : Qu’attend-on de l’horreur ? Qu’est-ce qui nous dérange dans un coin obscur de nos têtes ? Est-ce le sang, les corps déchiquetés, le monstre sous le lit, le fantôme dans le grenier, ce qu’on ne voit pas ou l’horreur de notre monde ? Il s’agit d’une notion tellement subjective qu’il est évident qu’on ne peut faire mouche à tous les coups. En tout cas, il faut saluer la démarche d’avoir composé cette petite anthologie qui a une particularité dont je ne parlerai pas ici et que les lecteurs auront tout loisir de découvrir en l’achetant.

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