Le Perce-neige de Rensuke Oshikiri

Présentation de l’éditeur : Le lecteur suit le quotidien difficile de Haruka Nozaki, une adolescente qui emménage avec sa famille dans une ville rurale suite au changement de travail de son père. Elle intègre ainsi l’école de la petite ville et doit faire face aux harcèlements de ses camarades de classe particulièrement sadiques. Ne voulant pas inquiéter sa sœur et le reste de sa famille, Haruka décide de les ignorer jusqu’à la remise des diplômes. Mais tout bascule quand ses parents meurent dans un incendie provoqué par ses bourreaux, alors que sa sœur survit avec de graves brûlures. Haruka décide alors de se venger…

Avis : De Rensuke Oshikiri, je n’ai lu que Bip-Bip Boy, dont je ne suis pas vraiment fan, et je suis totalement passée à côté du phénomène Hi Score Girl autant en manga qu’en anime. Je ne suis pas assez gameuse dans l’âme et encore moins rétrogameuse. Par chance, la dernière commande auprès d’Omake Manga contenait un extrait du Perce-neige qui permettait de se faire une idée avant de passer à un éventuel acte d’achat. Vendu comme un manga traumatisant et dur sur le harcèlement scolaire, il y avait vraiment de quoi y aller à reculons. Qui voudrait volontairement lire une histoire violente et déprimante après tout ? Sauf que… c’est un coup de cœur. Toute l’histoire tient en deux gros tomes totalisant près de 700 pages qui se lisent d’une traite.

Pas l’ombre d’un jeu vidéo ici, la campagne est profonde, la vie semble simple et les grosses chutes de neige ne sont pas loin. Le sentiment d’isolement est déjà palpable dans l’environnement et il ne fera que renforcer celui éprouvé par la jeune Haruka, embarquée sans raison apparente dans une spirale de violence. Elle, qui n’avait vraiment rien demandé à personne et espérait juste finir l’année tranquillement, focalise la haine de tous ses camarades de classe qui iront, comme le dit le résumé, jusqu’à tuer ses parents pour l’atteindre. L’ambiance est pesante à souhait et l’imagination des collégiens semble sans limites quand il s’agit de rabaisser et de torturer le souffre-douleur du moment. Aucun adulte, pas même leur professeur, ne sera en mesure de s’interposer, soit parce qu’ils sont laissés dans l’ignorance de la situation, soit parce qu’ils sont eux aussi terrifiés. Seul Aiba, un jeune garçon passionné de photo et secrètement épris de Haruka, prendra sa défense et essayera de calmer le « jeu ». L’air finit malgré tout par devenir tellement vicié au fil des pages qu’il est impossible de prédire comment tout cela va se terminer, à part dans un grand bain de sang sans doute.

Malgré l’horreur absolue dans laquelle se retrouve plongé le lecteur, il n’est pas trop difficile de garder une certaine distance avec l’histoire tant tout est poussé à l’extrême ; un peu à l’image de Battle Royale qui jouait également la carte de la violence absurde, de l’arbitraire et du cynisme. Les amateurs de Junji Ito, grand maître de l’horreur grotesque et sadique, se retrouveront probablement aussi en terrain très familier, ce qui n’est pas sans rajouter un certain charme à ce manga… pour autant que l’on aime les histoires sordides. Aussi étrange que cela puisse être à dire, il y a de la virtuosité dans Le Perce-neige. Le récit est tellement prenant qu’il fait oublier le trait toujours aussi torturé d’Oshikiri et le découpage très dynamique et fluide empêche de lâcher les deux tomes une fois entamés.

Il est évident que ce manga sanglant et sans concessions n’est pas tout public et qu’il conviendra plutôt aux amateurs d’horreur autant visuelle que psychologique. Vous voilà prévenus.

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