L’Encre de feu de Hana Myo Shin

9782913563841FS Quatrième de couverture : Paris. Non loin du Palais Royal, Mishiko, dessinatrice japonaise de mangas, rencontre un inconnu. Bretagne, non loin de Perros Guirec, elle entreprend de s’approprier l’homme, corps et âme, comme jamais femme n’a possédé un homme. Des décors qui pourraient aussi bien se résumer en un huis clos et qui servent juste à mettre en valeur les corps.

25 ans après L’Empire des sens, un huis clos qui renoue avec le thème obsessionnel et déraisonnable de la culture japonaise : la possession de l’autre.

Avis : Ça ressemble à un livre érotique, ça se trouve dans le rayon érotique, c’est très très érotique, mais L’Encre de feu emporte le lecteur bien au-delà de l’érotisme. Le livre est à l’image de son auteur japano-irlandais, professeur de français : une rencontre entre plusieurs cultures. C’est le charme de la Bretagne, ses embruns, ses phares et la parole poétique, articulée et très posée de la Japonaise. L’écriture est aérée, incisive, faite de phrases courtes. Les 350 pages de l’ouvrage défilent et fascinent. Il y a des changements de rythme, des ruptures, des accélérations, des sauts dans le temps, des moments d’introspections et d’analyse, des moments purement descriptifs, sensoriels et sensuels. La plume a recours à de nombreuses métaphores, mais toujours avec bon goût délicieux dont de nombreux auteurs devraient s’inspirer.

Le début du récit est fait de curiosité, d’observation et de découverte. L’héroïne semble osciller entre des certitudes, une connaissance pratique et théorique de la vie, des comparaisons avec sa propre culture aussi, et un rapport plus qu’ambivalent vis-à-vis du sexe et de son corps, rapport d’autant plus étrange qu’elle écrit des mangas plus pornographiques qu’érotiques et semble bien connaître la mécanique du désir masculin. Par la suite, il devient plus difficile de prédire la direction que va prendre la relation entre l’homme et la Japonaise. Un sentier battu ? Ou bien une histoire de domination comme semble le suggérer la quatrième de couverture… Jusqu’à ce que l’histoire bascule dans la folie et l’obsession de manière assez inattendue et dont il serait dommage de souffler mot. C’est sans doute là que l’âme japonaise qui hante les lignes d’un bout à l’autre du livre prend toute son ampleur ; la perversion des dernières pages n’est pas sans rappeler un certain Edogawa Ranpo d’ailleurs. C’est dire si l’érotisme de ce livre en fait un objet à part qui n’a pas vraiment sa place à côté des ouvrages de La Musardine et autres 50 nuances de Grey.

Hana, le prénom de l’auteur, veut dire « fleur » en japonais. Eh bien, voilà une histoire qu’il est bon de ne pas déflorer pour mieux laisser le lecteur être happé, surpris et retourné.


Il explorait les recoins de l’entrefesson, du boqueteau charnu à l’anus héliotrope, toujours aussi choqué par une telle incursion.

Elle était stupéfaite qu’on pût l’embrasser et la lécher là, c’était tellement sale ! Et pourtant, vu la position qu’elle avait elle-même choisie, il était logique que l’homme se risque dans ces parages…

Elle se sentait incroyablement dévergondée, perverse, perdue…

Est-ce que les Geishas même osaient ce qu’elle osait ?

Quelle estime un homme respectable pouvait-il avoir envers une femme qui se laissait lécher le cul ?

Question idiote, se dit-elle : est-ce qu’une homme respectable lèche le cul des femmes ?

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