Fun Home d’Alison Bechdel

Quatrième de couverture : Une petite ville de Pennsylvanie, un salon funéraire : le Fun Home. Alison grandit dans ce cadre peu banal, entre secrets de famille et blessures cachées. Jusqu’à ce qu’elle découvre son homosexualité et en même temps celle du tyran charmant qu’est son père.

Cette plongée vertigineuse dans les non-dits d’une famille américaine est le prétexte à revisiter l’une des plus grandes révolutions du XXe siècle – celle des genres sexuels.

 

Avis : Ça faisait un moment que je voulais lire une BD d’Alison Bechdel (oui, oui, celle du test) et c’est donc Fun Home qui a croisé mon chemin un peu par hasard. Son petit format m’a tout de suite séduite. Je précise que je ne connaissais rien de la vie de l’autrice avant d’ouvrir ce livre. En dehors du fait qu’elle est lesbienne, bien entendu.

Comme l’indique la quatrième de couverture, le titre est directement inspiré par le lieu où a grandi Alison Bechdel. Sachant que Six Feet Under est la meilleure série de tous les temps selon moi, j’arrivais en terrain connu. Sauf que cette maison funéraire n’a finalement pas tant d’importance que ça dans l’histoire ; c’est même presque curieux qu’elle donne son titre à l’ouvrage. Mais il y a une subtilité. Fun Home est en fait un livre consacré au père de l’autrice dans lequel elle revient sur tous les questionnements qui ont fait surface après son décès brutal. Et elle découvre, à cette occasion, des choses pas si fun. Elle revient sur l’ambiance à la maison, la relation entre ses parents, les incompréhensions sur le moment qui ont pris du sens avec le recul. Les souvenirs remontent de façon aléatoire parce qu’elle est retombée sur un livre, sur une photo, sur un écrit. C’est sans doute ce qui explique que la BD paraît si décousue, avec des passages qui se répètent, des sauts dans le temps, des choses qui sont posées là, sans en dire plus, mais qui soulèvent tant d’autres questions. Ce travail rétrospectif auquel se livre l’autrice n’est d’ailleurs peut-être possible que quand la personne n’est plus là pour répondre.

Pour être tout à fait honnête, je me suis ennuyée pendant une grande partie de ma lecture. Alison Bechdel part dans trop de directions différentes sans faire l’effort de suivre un fil conducteur. Culturellement, j’ai aussi été un peu larguée. Il y a beaucoup de références littéraires anglo-saxonnes citées que je n’ai pas lues, même si j’en connais les titres. Or, cette littérature-là est intrinsèque à sa relation avec son père. Je ne voyais pas ce que j’allais pouvoir retirer de tout ça. Ce n’est que vers la fin que j’ai dû reconnaître qu’elle avait réussi à reconstituer un portrait de son père qui venait répondre à ses interrogations et comment certains détails avaient en fait eu beaucoup d’importance pour l’aider à avancer dans sa vie. Découvrir que le mariage des parents était un mariage de convenance, que le père, homosexuel, avait des aventures avec d’autres hommes, que certaines phrases n’étaient pas innocentes, que si les choses s’étaient déroulées autrement, il serait sans doute mort du SIDA ; tout ça, c’est remettre sa vie en perspective et mieux savoir d’où l’on vient. C’est d’autant plus intéressant que, pendant ce temps, l’autrice découvrait sa propre homosexualité à une époque où elle pouvait faire le choix de la vivre et où elle trouvait des groupes auxquels s’intégrer. L’écho entre l’histoire de son père et la sienne est évident. C’est sans doute ce qui donne le plus de profondeur à cette BD au final.

Aussi mitigée que je puisse être après la lecture de Fun Home, si j’ai l’occasion de lire L’Essentiel des gouines à suivre et C’est toi, ma maman ?, la BD consacrée à sa mère, je pense que je me laisserai tenter. Même si je n’aime pas trop la forme chaotique, la puissance de l’analyse derrière mérite le détour.

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