2060 de Lauren Bastide

Quatrième de couverture : Le premier roman de la créatrice du podcast La Poudre
22 juin 2060. Après des siècles à vivre comme si demain n’existait pas, l’humanité se prépare à une Fin du Monde, rebaptisée FDM comme pour conjurer l’inéluctable.
Durant son ultime journée, heure après heure, l’héroïne va revivre les combats féministes et écologistes qui ont rythmé sa vie.
Dans une ambiance à la fois mélancolique et poignante, qui évoque Charlotte Perkins Gilman ou Virginia Woolf, cette fiction trouve un équilibre subtil entre anticipation, littérature et politique.

 

Avis : On ne va pas se mentir, la quatrième de couverture survend ce livre. Difficile en effet de pousser la réflexion dans un texte de 85 pages (le format et la mise en page me font dire que le texte est encore plus court qu’il n’en a l’air). L’idée de départ est simple : tout ce qui pouvait arriver de pire arrive. L’extrême-droite accède au pouvoir et ne le lâche plus, les cathos intégristes reprennent du poil de la bête et imposent leur vision du monde à tous, rien ne vient enrayer le dérèglement climatique, la société finit de se déliter. Et en plus de ça, nous n’aurons pas le luxe de nous regarder nous éteindre à petit feu puisqu’une météorite va détruire la planète.

Le problème, c’est qu’il s’agit ici d’un livre du constat qui ne pousse pas à plus réfléchir que nous ne le faisons déjà. L’histoire se contente de suivre la dernière journée d’une femme âgée qui a vécu plusieurs vies de femme et de militante jusqu’à décider qu’il était maintenant préférable de cultiver son jardin, au sens propre. On en arrive tous là avec l’âge. Elle s’extrait tellement du monde qui l’entoure qu’elle ne sait même plus que c’est son dernier jour, mais elle va néanmoins faire un choix à la fin qui est à son image et tout à son honneur.

Si l’on met de côté le propos somme toute sans surprises, il reste l’écriture. La plume est belle, poétique, elle crée un cocon autour de cette femme si volontairement isolée. Je garde des impressions de chaleur insoutenable, d’air irrespirable, d’humidité, d’odeurs de végétation. C’est maigre, mais ça donne malgré tout un peu d’intérêt à cette lecture qui a tout pour rester anecdotique.

En bref, si vous êtes déjà angoissé·e·s par tout ce qui nous pend au nez, ce récit d’anticipation est probablement fait pour vous et aura sans doute un petit effet cathartique. Si vous avez en plus aimé Le Mur invisible de Marlen Haushofer, il est probable que 2060 vous plaise aussi. Si vous êtes un peu plus exigeant·e·s en matière de prospective, passez votre chemin.

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