La prochaine fois que tu mordras la poussière de Panayotis Pascot

Présentation de l’éditeur : « Ce livre me fait peur. Le processus a été douloureux. Mon père nous a annoncé qu’il n’allait pas tarder à mourir et je me suis mis à écrire. Trois années au peigne fin, mes relations, mes pensées paranoïaques, mon rapport étrange à lui, crachés sur le papier. Je me suis donné pour but de le tuer avant qu’il ne meure. C’est l’histoire de quelqu’un qui cherche à tuer. Soi, ou le père, finalement ça revient au même. »

Panayotis Pascot s’attaque d’une plume tranchante et moderne à trois thématiques qu’il tisse pour composer un récit autobiographique aussi acide qu’ultralucide. La relation au père, l’acceptation de son homosexualité et la dépression s’enchevêtrent ici dans un violent passage à l’âge adulte. Mais la lumière en sort toujours, d’un regard, d’une façon d’observer le quotidien avec autant de tendresse et d’humour que de clairvoyance.

 

Avis : Je crois qu’il est temps que j’arrête d’essayer d’être touchée par ce que Panayotis Pascot a à raconter. Ça ne marche pas. Ici, il est bon de préciser que je n’ai pas la moindre idée de ce qu’il fait en temps normal. Je n’avais jamais vu aucun de ses sketchs ou rôles au ciné ou à la télé avant de regarder son spectacle l’année dernière sur Netflix et je n’ai pas creusé après. Par contre, j’adore son prénom et j’ai été intriguée par le buzz autour de lui. J’ai donc regardé Presque par curiosité. J’en suis ressortie assez mitigée. Émotionnellement parlant, je passe à côté. Le storytelling ne m’a pas captée. Je vois bien l’intention, sauf que j’ai compris très vite ce qui se passait au sujet de son coming out et de son père avec qui il entretient une relation conflictuelle. Pas étonnant qu’il se sente mal dans ses pompes avec toute la masculinité toxique dont il a fait les frais au cours de sa vie (pour rappel, il a 25 ans). Le présent livre revient sur tout ça, en allant un peu plus loin et en rajoutant la dépression dans le mix. Je n’ai pas accroché non plus, hélas.

J’ai mis du temps à comprendre pourquoi je n’arrivais pas à me connecter à ses émotions alors que je suis normalement bon public. Quelqu’un met presque le doigt dessus dans le livre à un moment d’ailleurs. De là où je suis, j’ai la sensation qu’il y a quelque chose qui sonne faux dans tout ce qu’il raconte. Non pas qu’il ne soit pas honnête ; il balance tout ce qu’il a sur le cœur sans vraiment filtrer après tout. Mais j’ai l’impression qu’il ne fait encore que gratter la surface, qu’il a besoin d’approfondir les pistes pour se confronter vraiment à son mal-être et se réconcilier avec lui-même. C’est sans doute cette distance avec son moi profond qui fait que je suis aussi émotionnellement tenue à distance. Après, je n’éprouve pas particulièrement le besoin d’être témoin de tout son cheminement. Ce qui vient souligner qu’il y a peut-être un peu de voyeurisme chez certains lecteurs et un peu d’exhibitionnisme chez l’auteur. Mais passons.

Ensuite, je reste sur l’idée que son histoire personnelle, même si elle semble parler à beaucoup de monde, reste assez peu originale et que s’il n’était pas connu, son texte aurait été remisé dans le tiroir des autobiographies sans grand intérêt à part pour son auteur. Il n’y a pas de talent d’écriture particulier pour soutenir le texte. Il ne fait que déverser tout ce qui lui passe par la tête avec des formulations, certes, parfois joliment trouvées, mais qui restent des fulgurances mises en scène. On a tous des fulgurances. Habituellement, on les consigne dans un carnet, on les poste sur Instagram ou on en fait de la poésie en prose. (C’est beau, la prose. Lisez Cécile Coulon, Rupi Kaur et Pauline Bilisari.) Et puis, il se pose la question du travail éditorial derrière. Sous couvert d’un texte à fleur de peau projeté sur la page et qu’il ne faudrait pas dénaturer, on se retrouve avec une ponctuation parfois aléatoire, des citations introduites par une simple majuscule en plein milieu d’une phrase, un texte qui au lieu de couler force à faire des pauses. Le plaisir des mots est donc limité.

C’est bien sûr compliqué de faire une critique de l’histoire personnelle de quelqu’un qui a mis ses tripes sur la table dans une tentative de trouver un écho dans ce monde qui est devenu si dur, surtout pour les êtres sensibles. Cet écho, il le trouve actuellement avec le succès de son livre. J’espère donc qu’il se sent moins seul et que ça lui permettra d’aller un peu mieux. Pour ma part, je ne vais pas insister.

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