Oppenheimer réalisé par Christopher Nolan

Oppenheimer de Christopher Nolan Synopsis Allociné : En 1942, convaincus que l’Allemagne nazie est en train de développer une arme nucléaire, les États-Unis initient, dans le plus grand secret, le « Projet Manhattan » destiné à mettre au point la première bombe atomique de l’histoire. Pour piloter ce dispositif, le gouvernement engage J. Robert Oppenheimer, brillant physicien, qui sera bientôt surnommé « le père de la bombe atomique ». C’est dans le laboratoire ultra-secret de Los Alamos, au cœur du désert du Nouveau-Mexique, que le scientifique et son équipe mettent au point une arme révolutionnaire dont les conséquences, vertigineuses, continuent de peser sur le monde actuel…

 

Avis : Visiblement, Christopher Nolan aime bien faire la hype en été. En août 2020, c’était avec Tenet, cette année, c’est avec Oppenheimer. Deux salles, deux ambiances. Je vous spoile, j’ai largement préféré Tenet.

De Robert Oppenheimer, comme beaucoup, je ne savais rien à part qu’il est « le père de la bombe atomique ». Et encore, je vais être honnête, je n’avais jamais creusé le sujet. En ça, le film fait plutôt bien son boulot puisque j’ai appris plein de choses et que j’ai eu envie d’aller lire sa fiche Wikipedia en sortant de la salle pour faire un peu le tri entre le vrai et l’emballage dramaturgique poussé du film. Et puis, même si l’artifice utilisé pour raconter l’histoire dans le désordre est plus là pour complexifier un montage qui, sinon, aurait été trop plat et linéaire, un peu d’organisation dans les faits ne peut pas faire de mal. L’histoire se perd assez inutilement entre le génie scientifique d’Oppenheimer, ses mises en garde contre une course à l’armement mondiale, un complot pour le faire chuter et le discréditer, jusqu’à la reconnaissance finale. Encore une fois, c’est loin d’être inintéressant sur le fond, mais la façon de faire est poussive.

Visuellement, l’image est belle et propre, mais peu de scènes marqueront durablement mon esprit. Bien sûr, il y a celle de la puissance destructrice de la bombe (et encore, elle est survendue) et celle du discours qui suit Hiroshima. Rien qui justifie d’aller voir le film en IMAX cependant. C’est un biopic verbeux, avec peu d’action, et l’explosion ne dure que quelques minutes. Inutile donc de payer plus cher pour une meilleure expérience car, rappelons-le, ce n’est pas un film sur la bombe, c’est un film sur son créateur.

Du casting, je vais surtout garder l’aura et les yeux bleus perçants de Cillian Murphy, qui devrait, sans surprise, être nominé aux Oscars pour ce rôle. Il n’est pas tant question de performance ici, mais surtout d’une indéniable présence à l’écran et d’une ressemblance troublante avec le Oppenheimer original. Robert Downey Jr. est très bien aussi et, bien sûr, une nomination pour un second rôle semble actée. À leurs côtés, c’est un déploiement assez incroyable de noms et de têtes connus, avec des choix plus ou moins heureux. Matt Damon est sans doute l’erreur de casting principale ; avec sa bonne bouille, difficile d’oublier que c’est lui. On passe quand même beaucoup de temps à se dire : « ah lui, je l’ai vu dans ça » et « lui, c’est le frère/fils de… » Quant à Emily Blunt et Florence Pugh, était-il possible de faire un pire affront à ces actrices ? On sent bien qu’elles ont un rôle plus symbolique qu’autre chose, mais quel (mauvais) traitement à l’écran !

Un mot enfin sur la musique de Ludwig Göransson qui est par moments beaucoup trop présente. On pourra toujours invoquer qu’il y a une volonté de noyer auditivement le spectateur pour mieux lui faire apprécier les silences, il n’en reste pas moins qu’on a vite l’impression qu’elle ne s’arrête jamais et c’est fatigant. Pour être en train de l’écouter en parallèle de l’écriture de cet avis pour avoir un ressenti plus objectif, elle s’écoute plutôt bien mais ne restera pas attachée au film. Aucun des morceaux ne m’évoque d’images. Elle est à mille lieues de la force des thèmes d’Inception ou d’Interstellar par exemple. N’est pas Hans Zimmer qui veut.

Sur une note plus personnelle, dès que j’ai vu que certains ressortaient en état de choc de leur séance, je me suis bien demandé ce qu’il pouvait se passer dans le film. J’ai commencé à comprendre avec le montage de la scène du discours de victoire après la bombe lâchée sur Hiroshima. Oppenheimer est envahi par les images et les sons de l’horreur qu’il a provoquée. Le spectateur ne voit presque rien et le reste est laissé à son imagination. Sauf que je suis allée à Hiroshima et à Nagasaki, j’ai visité les deux musées de la bombe, j’ai pu m’imprégner de l’atmosphère très particulière de ces deux lieux. J’ai aussi lu le manga Gen d’Hiroshima de Keiji Nakazawa, un survivant de la première bombe qui a raconté l’horreur. Les images, je les connais, les dégâts, je les ai vus en photos ou en vrai, avec des impressions de corps sur des murs, avec des tuiles qui ont cloqué sous l’effet de la chaleur, avec tout ce qui a été gardé pour ne pas oublier. La course à l’armement nucléaire est plus que palpable puisque ce sont des villes qui militent pour la dénucléarisation et tiennent les comptes. Il y a donc tout un discours qui accompagne le film qui ne pouvait pas me toucher. Il y a aussi cette petite phrase au milieu, lancée tellement vite que si on ne sait pas, on ne l’entend pas : le Japon allait capituler. Les bombes n’étaient pas nécessaires, sauf à montrer la toute-puissance américaine.

Oppenheimer est peut-être aux yeux de son réalisateur un film ambitieux avec des défis technologiques qu’il s’était mis en tête de relever, il reste néanmoins un Nolan sans grandeur qui ne donne pas envie d’être revu. Si vous vous intéressez au sujet, un bon documentaire sur Arte suffira amplement. À voir une fois en salle (ou à la télé) et ce sera bien suffisant.

J’en profite pour vous renvoyer sur l’épisode dédié de Réalisé sans trucage avec lequel je suis assez en phase.

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