Ça ne coûte rien de Saulne

Résumé de la série : Shanghaï 2008. Un jeune français, en attente d’un héritage arrive dans la ville des excès et découvre la vie d’expatrié nanti : les boîtes de nuit, la drogue, les filles…les prix dérisoires et le statut d’occidental lui offrent une vie oisive et distrayante, sans le souci du lendemain. Mais l’héritage tarde à venir et il doit revoir son budget à la baisse. Il découvre alors l’autre Shanghaï, celle des populations locales dont le rythme de vie est le miroir inversé des premiers. Le parcours singulier de ce jeune français le fait basculer de la belle à la véritable Shanghaï. (Delitoon)

 

C’est Kame qui est tombé sur cette BD par hasard chez Leclerc et l’a achetée dans la foulée. Je ne vais pas en donner un avis construit mais plutôt confronter un peu notre expérience à celle de l’auteur. Pour les petits nouveaux sur ce blog, je rappelle que nous avons vécu un peu plus de 2 ans à Shanghaï (les archives sont ici). Du coup on est toujours intéressés par les avis des autres sur le sujet. L’auteur, qui a le même âge que Kame, y est arrivé un an après notre départ. La chose qui m’a tout de suite frappée c’est la qualité de la retranscription de l’ambiance de la ville. Tout paraît si familier : les gratte-ciels qu’on reconnaît au premier coup d’œil, les restaurants all you can eat qui n’ont pas de noms dans la BD mais que j’ai tout de suite identifiés car il y a des incontournables en ville. J’ai aussi reconnu les rues, les quartiers… même le mobilier Ikea de l’appartement. Je ne me rends pas compte de l’effet que ça peut avoir sur quelqu’un qui ne connaît pas la ville, peut-être que ça paraît exotique au possible, mais pour moi, le moindre petit détail me parle et me rend un peu nostalgique de l’époque où j’arpentais moi-même les rues à pieds. Il ne manque que les odeurs, les bruits… mais mes souvenirs font le reste.

 

Après, il y a un deuxième aspect qui est abordé dans la BD : les expats. On a expérimenté ça les premiers jours après notre arrivée parce que la boîte qui nous envoyait là-bas nous a mis en contact avec une française pour nous piloter sur place. Le premier soir, on était dans le teppanyaki de la page 29 avec d’autres expats. Mais on a cerné les choses rapidement et, comme ça n’a jamais correspondu à notre style de vie, au bout d’une semaine, on n’en côtoyait déjà plus. La BD décrit bien tout ce microcosme où les gens restent enfermés dans leur bulle les uns avec les autres, en particulier ceux qui profitent au maximum de la nuit shanghaïenne. On en croisait de temps en temps mais ça restait rare et nous devons faire partie des rares expats à ne jamais avoir mis les pieds au Bon Bon. Bien sûr ça serait réducteur de mettre tout le monde dans le même panier et nous sommes évidemment tombés sur des gens très bien avec qui nous avons d’ailleurs gardé contact (enfin plus ou moins, on n’est pas les rois de la sociabilité dans cette maison non plus). En tout cas, on a tout fait pour éviter ce monde et on a continué à aller faire nos courses au Lotus plutôt qu’à Carrefour et à aller manger des brochettes chez le Ouïgour de Xiangyang Nan Lu ou du poulet-cacahuète dans un boui-boui crasseux (« le petit jaune », comme on l’appelait car la devanture était de cette couleur et que c’était une petite cantine) à côté de l’ex-bureau de Kame. On n’était pas de grands aventuriers, on aimait notre confort et effectivement le fait que la vie n’était pas chère du tout mais on voulait aussi voir la ville et la vie sous un autre jour. Je pense que la plupart des gens qui sont venus nous rendre visite pourront témoigner qu’ils n’ont pas vu que les coins les plus reluisants de Shanghaï.

 

L’histoire de ce français parti voir comment était le monde à l’autre bout du monde ne s’arrête pas à de simples constats même si c’est ce qui m’a le plus interpelée. Quand l’argent vient à manquer, il « expérimente » de façon assez inattendue la vie en Chine et le résultat peut laisser un peu perplexe car tout se recentre d’un coup sur l’auteur. Par ailleurs, pour être honnête, je n’adhère pas particulièrement au design des personnages mais le fond est là pour rattraper les choses et surtout il y a une certaine absence de langue de bois qui fait du bien à lire. Enfin, une mention spéciale à la couverture qui symbolise très bien Shanghaï. On a quelques photos comme ça où une rue sert de délimitation entre deux mondes. Si vous êtes curieux et voulez découvrir cet ouvrage, sachez qu’il est disponible sur le site delitoon dans son intégralité.

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