Et ça fait quoi de se marier à l’église quand on ne croit pas ?

Question existentielle, n’est-ce pas ? Pour diverses raisons, j’avais envie de répondre à cette question parce que, comme disent les angliches (ou JCVD) : I need to vent.
Pour ceux qui ne le savent pas forcément, je suis non-croyante et de surcroît non-baptisée, venant d’une famille pas plus croyante. Autant dire que je n’ai pas grandi en m’imaginant dans une jolie robe remontant l’allée centrale d’une église. L’idée même de mariage ne me paraissant pas être l’ultime garantie de réussite d’un couple à long terme, je me voyais même éventuellement opter pour l’union libre sans pour autant rejeter le mariage civil. Après, il y a le cas par cas et vu qu’on est généralement rarement tout seul dans un couple, il faut bien prendre en compte les envies de l’autre. Avec la Tortue il était évident dès le départ que si la période d’essai était concluante, il y aurait mariage à l’église. Idée à laquelle il a fallu que je me fasse, mais le Tanuki a peut-être des a priori négatifs par défaut, il est aussi très ouvert d’esprit si on lui laisse le temps de digérer calmement. Autant dire que le sujet religion est sans doute l’un de ceux qui a été le plus discuté depuis le début, après l’informatique bien sûr. Quand on a décidé de se fiancer, c’était au bout de 2 ans et déjà on savait dans quelle direction on se dirigeait tous les deux. Si la Chine n’était pas venu perturber nos plans, le mariage religieux aurait eu lieu au bout de 3 ans. Faute de temps, on a un peu précipité le mariage civil pour faciliter les démarches administratives pour l’expatriation (visa notamment), mais malgré le côté dans l’urgence, encore une fois ça n’était pas une décision prise à la légère.

J’en viens maintenant à ce mariage religieux qui arrive au bout de quasiment 7 ans de vie commune et donc 3 ans et demi après le mariage civil pour ceux qui suivent. Le fameux cap des 7 ans… brrrrrrrrr . Honnêtement, on ne voit pas la différence avec les années précédentes, on a toujours nos projets, on a emménagé dans une vraie maison pour laquelle on a aussi des projets et le pied ultime, c’est d’avoir la Tortue en télétravail qui, au lieu de rentrer manger à 23h tous les soirs, est présent à tous les repas. Cela dit, je comprendrais que ça en rende plus d’un(e) chèvre. Nous, ça nous va bien. Mais je m’égare. Donc pour se marier à l’église, il faut s’y préparer… avec tête à tête avec un prêtre et réunions avec des couples préparateurs. A priori négatifs obligent, j’étais contre, trouvant un peu ridicule de devoir écouter des couples donner leurs visions des choses alors que, comme dit plus haut : 3 ans et demi de mariage civil, on a une petite idée de ce dans quoi on a mis les pieds. Quoi ? On ne reste pas sur un nuage rose avec des étoiles dans les yeux toute notre vie ? On ne vit pas dans le monde des bisounours et des fois on se prend la tête ? Il y a des hauts et des bas ? Oh mon dieu, il n’est pas parfait ? Ça tombe bien, moi non plus. Bref, rien de bien neuf sous le soleil, à moins de vivre dans un igloo… Encore une fois, il a fallu en discuter longuement avec Tortue pour me préparer mentalement à cette épreuve et j’ai opté pour l’angle d’approche suivant : on veut juste s’assurer que notre union devant Dieu est « légitime » au sens où je n’empêche pas mon mari de pratiquer et nos enfants d’être baptisés, catéchisés etc. Ce qui n’a jamais été mis en question de toute façon depuis, encore une fois, le début. J’ai d’ailleurs signé cette déclaration d’intention (4a) qui m’engage à respecter les quatre piliers du mariage (ce qui va de soi, mariage religieux ou non) et à ne pas faire obstruction à l’éducation religieuse de la future marmaille.

Comment se sont passées les journées avec les autres couples et les couples préparateurs ? Ce sont les journées où je me suis rendue en n’en attendant rien et effectivement, j’en suis ressortie globalement inchangée. Pas de révolution sur ma perception de ma vie de couple, pas de grande révélation sur comment on peut le faire durer non plus, par contre, un constat : on communique plus que je ne le pensais, on n’y fait juste pas attention. Et pas une fois le mot concession n’a été prononcé au cours des réunions, ce que j’ai trouvé assez grandiose… Bien sûr, libre à chacun de penser que je me repose un peu trop fermement sur mes certitudes et que c’est là je me mets le doigt profond dans l’œil. Reste aussi que je crois être mieux placée pour connaitre la force de ma volonté. Et la volonté, y a que ça de vrai 😛

Pour revenir à l’aspect religieux, on s’est beaucoup amusés à voir la grenouille de bénitier – 54 ans de mariage – voir sa vision des choses bousculée par tous ces jeunes couples dont, pour la plupart, l’un des deux membres n’est pas croyants (on était au moins deux à ne pas être baptisés, mais je suis restée en sous-marin) et insister pour dire qu’il y avait forcement de la foi en chacun de nous… huhuhu… Il faut dire qu’il y en avait quelques-uns qui poussaient un peu fort mémé dans les orties, mais c’était très drôle à suivre. J’aurais pu en dire des choses aussi si je n’avais pas fait vœux de silence pour l’occasion. Que non, il ne m’est pas venu à l’esprit de me faire baptiser pour l’occasion parce que j’ai un peu plus de respect pour la religion que ça et que la foi n’étant pas prête de s’éveiller en moi, il s’agirait d’un bien beau mensonge. Que non, dans ma vision des choses, le mariage à l’église n’est pas un plus pour une union qui dure. J’en ai suffisamment de preuve dans ma famille et je souhaite en passant un bon 40e anniversaire à mes parents. Que l’éducation religieuse est peut-être un plus pour l’éducation tout court, mais ne pas en avoir n’empêche pas d’avoir certaines valeurs. Que les couples préparateurs n’étaient pas tout à fait au point sur ce fameux mariage religieux (un comble), mais que non le fait de nous marier à l’église ne nous engage pas tous les deux à élever nos enfants dans la foi chrétienne. Cf la déclaration d’intention plus haut, je m’engage à ne pas m’y opposer, mais certainement pas à y participer, même si, curiosité oblige, j’en profiterai pour m’éduquer l’esprit quand même, tout en donnant un autre son de cloche (essentiel si on veut vraiment donner un choix, n’est-ce pas ?). Dernier point : j’ai une allergie prononcée pour le prosélytisme parce que j’aimerais qu’on montre le même respect pour mes convictions que j’en ai pour celles des autres et l’idée même que mon époux puisse essayer de me convertir à travers notre mariage religieux aurait bien sûr posé un gros problème. Sauf que Tortue me connaît mieux que ça et que nos conversations sur la religion n’ont pas besoin d’être ancrée dans la foi pour être intéressantes et instructives.

Et là dessus, je rebondis sur les conversations avec les prêtres (celui qui nous a préparé et celui qui va nous marier). Aucun des deux n’a remis en question mes convictions, pas une remarque, ce qui a rendu les rencontres particulièrement agréables, voire même assez philosophiques par moment. J’ai même réussi à passer une heure trente en tête à tête avec le second sans avoir la moindre once d’appréhension. Les questions classiques étant : pourquoi ne pas se satisfaire d’un mariage civil ? L’idée qu’on se fait de Dieu. Définir « aimer ». On a fait consciencieusement nos devoirs comme on nous le demandait, Tortue a réussi à citer le Lévitique (on aime bien l’écrasement avec l’ongle de crânes de pigeons), j’ai réussi à choisir des textes qui avaient suffisamment de liberté d’interprétation pour trouver des choses qui me parlaient. Bref, c’était bien plus satisfaisant que les rencontres avec les couples préparateurs qui pensaient poser des questions qui dérangent pour faire réfléchir et qui se sont lamentablement croutés. D’un autre côté, il est sans doute un peu tard pour resoulever la question qu’on s’est posée il y a déjà 5 ans : Est-on bien sûrs de vouloir sauter le pas ?

12 commentaires pour “Et ça fait quoi de se marier à l’église quand on ne croit pas ?

  1. ça m’a bcp émue, va savoir pourquoi. Que dire, pour la grande extravertie que je suis !!, juste et je ne le dirai qu’une fois, que je suis très contente que Dam t’épouse, ou l’inverse.

  2. My My My…

    Moi qui suis profondément athée, je ne peux qu’admirer ton ouverture d’esprit. D’ailleurs, la religion a été une pierre d’achoppement avec mon ex-fiancée, il y a oh si longtemps, et depuis, j’ai préféré éviter les soucis liés à la religion — on a assez de problèmes par ailleurs dans la vie…

    Mes meilleurs vœux à tous les deux !

  3. @Lalou : Merci, ça me va droit au cœur 🙂
    @DDA : Pourtant ils consomment du vin dans les églises, tu ne les as jamais démarché ? 😛

  4. > l’Eglise a changée
    Tant que ça reste un lieu calme pour lire…
    Honnêtement rien de ce que j’ai entendu ne me fera aller vers la religion. On peut très bien vivre sans, j’en reste persuadée. Ce que j’ai apprécié dans les conversations avec les prêtres, c’est le niveau un peu plus élevé du « débat » comparé aux réunions avec les autres couples mais c’est peut-être parce qu’on arrive déjà avec un certain bagage aussi.

  5. Elle est mignonne la Weemee en mariée…! J’adore les pompes ! J’ai beaucoup aimé te lire, pis ayant préparés des fiancés pendant 3 ans, c’était intéressant 😉
    Je suis contente, parce que finalement, ta vision de l’Eglise a peut être changé et c’est ça qui compte, parce que oui, l’Eglise a changée !

  6. Ooohh un zouli texte. De jolis commentaires aussi. Roooh j’ai plein de choses à dire, la Religion en général étant mon sujet de discussion favori mais rien de bien construit ne me vient dans cette section de commentaires de ton blog.
    On verra ça plus tard 😉
    Bisous

  7. Je suis assez surprise car je pensais que les deux futurs mariés devaient être baptisé pour un mariage à l’église, ce qui semblerait logique.

    En tout cas, tu as eu de la chance car j’entends encore les histoires de ma famille où il était question de tuer le prêtre qui a marié mes parents…

Les commentaires sont fermés.

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